PAFE - Révolution 1

La Révolution à Précy - 1ère partie

A propos des Sources


Assiette révolutionnaireLes documents ou archives dont nous disposons pour parler de la Révolution à Précy sont à apprécier différemment selon qu'il s'agisse des Registres des délibérations communales, des registres et chroniques paroissiales ou d'archives départementales.
Les registres municipaux étaient avant tout destinés aux Commissaires du district qui venaient vérifier sur place si les ordres reçus du Pouvoir étaient bien exécutés. On sait combien celui du district de Senlis était pointilleux et même draconien. Il s'en suit donc un décalage entre la relation des faits et les faits eux-mêmes. Il s'agissait surtout de ne pas être suspecté, de ne pas adhérer aux idées nouvelles. A Précy où l'enthousiasme révolutionnaire était loin d'être délirant, ces Registres des délibérations communales sont donc avant tout des points de repères des applications plus ou moins strictes des décrets ou arrêtés de l'Assemblée Nationale.
Des sans-culottesLes archives paroissiales, en particulier les Chroniques de Decaux et de Battelier, ont été rédigés au lendemain de la révolution. Ils ont une coloration religieuse et bénéficient d'un certain recul. Les faits et gestes rapportés ne se sont pas produits dans l'ordre décrit ou recensés selon une chronologie exacte. Les uns ont eu lieu plus tôt, d'autres plus tard et inversement. Ce qui en fait est étalé dans le temps est ici ramassé en un court moment, dense d'événements. Ceci a pour effet une certaine dramatisation. Ils sont rédigés dans un double élan à la fois d'indignation et d'admiration, à la manière d'une épopée ou d'une Chanson de geste, comme la Chanson de Roland ou l'Histoire de Joseph dans la Bible. La tradition orale y joue son rôle de complémentarité et sans doute aussi d'exagération. C'est tellement évident par moment qu'au lieu de nuire à l'historicité elle la met davantage en relief.
C'est ainsi qu'on mettra la descente des cloches au même jour que l'arrestation du curé et du vandalisme à l'Eglise, alors que les arrêtés communaux concernant ces faits sont datés l'un du 30 septembre 1793 et l'autre du 14 octobre 1793. L'arrestation du curé par contre s'est faite de nuit et la vente du presbytère est bien plus tardive.
La prise de la BastilleLes exemples du même genre ne manquent pas. Ces documents sont d'autant plus intéressants qu'ils nous décrivent d'une manière vivante et continue, des événements rapportés ailleurs sans lien entre eux et morcelés à l'extrême.
Ces archives sont donc complémentaires et nous permettent de nous faire une idée plus exacte de ce qui s'est déroulé à Précy pendant la Révolution.

Les Registres des Délibérations du Conseil Municipal de Précy (1790-1793) doivent leur réhabilitation à Madame Gérardot, maire adjoint.
Tout le monde n'est pas sensible et attentif à la conservation et au respect dus à ces témoignages de notre passé. C'est ainsi que bon nombre de pièces d' archives communales de Précy se sont « égarées ».
Il n'en fut pas de même pour les archives paroissiales. Les différents curés qui se sont succédé à Précy ont tous, à part quelques-uns, veillé à la conservation des archives paroissiales. Le regretté Abbé Finot commença un premier classement avec l'aide de maître Pierre Gambier à qui nous devons le livre « Précy en Isle-de-France », publié aux Éditions Farnèse à Paris en 1953.
Ce dernier avait projeté une histoire de Précy sous la Révolution. Il avait déjà réuni quelques notes mais sa mort mit fin à son projet. Son fils Michel Gambier a donné les notes de son père aux Archives Paroissiales, car beaucoup de documents et de pièces originales, qu'il avait consultés ou copiés, avaient disparu dans le bombardement du presbytère le 5 août 1944.
Ce que nous pouvons publier aujourd'hui est donc le fruit d'une collaboration commencée avant nous et que nos recherches personnelles ont ainsi pu mener à son terme.


Ce qui arriva au curé

Formation des départements en 1791L'énorme décennie 1789-1799 semble aimantée par des dates et périodes fétiches - la prise de la Bastille, la Déclaration des Droits de l'Homme - aux dépens de dates ou périodes toutes aussi importantes mais traditionnellement occultées comme la Fédération du 14 juillet 1790, la formation des départements, l'émancipation des Juifs et des Noirs des Colonies, le « génocide » de la Vendée, la mort du roi Louis XVI, les massacres de septembre 1792..., etc...
Comité révolutionnairePrécy fut également le théâtre des excès et du vandalisme révolutionnaires. En 1792, les seigneurs de Précy, Monseigneur Anne Léon de Montmorency et son épouse, fuyant les massacres révolutionnaires, s'étaient réfugiés en Belgique. De là, ils vendirent la Seigneurie de Précy au général François d'Avrange d'Haugeranville.
Le nouveau châtelain, considéré comme royaliste, fut arrêté en même temps qu'un bon nombre de citoyens dénoncés pour manque de patriotisme. Le président du « Comité de Surveillance, établi au bourg de Précy-sur-Oise, le 9 octobre1793, l'an deuxième de la République Française une et indivisible, en vertu de la loy du 21 mars de la mesure année » était le citoyen Franqueville, capitaine de la garde nationale, désigné à ce titre comme commandant en second de deux bataillons du canton de Creil, résidant à Précy, où il avait acquis la maison de la citoyenne Lahure.
Le 9 octobre 1793, le commissaire de Senlis vint avec des délégués du Comité de Surveillance de Chantilly établir un comité révolutionnaire à Précy. Le président était Louis Bansse, les membres : Jean, François et Simon Gautier, Louis Eugène Henneguy, Pierre de Cau, Louis de Rebergue, Pierre Félix Hain et bien d'autres encore. Ce dernier fut dénoncé et arrêté pour n'être pas loyal envers le Comité de Surveillance qui siégeait presque en permanence pour enregistrer les dénonciations les plus invraisemblables, qui étaient, bien des fois, des règlements de comptes entre adversaires ou ennemis.
Arrestation de Louis XVIAprès la noblesse et les royalistes vint le tour du curé. Il avait proclamé, haut et fort, qu'il refusait de se soumettre à la Constitution civile du clergé qui demandait de dire solennellement : « Je jure haine à la royauté et à l' anarchie, attachement et fidélité à la République et la Constitution de l'an II ».
Malgré tout cela, personne ne voulait qu'on touche à ce prêtre qui jouissait de la considération de tous les Précéens. La loi exigeait que pour sévir contre un prêtre insermenté, il fallait la dénonciation de vingt citoyens habitant la même commune. Or jusque là, aucune dénonciation ne s'était faite à l'encontre du curé. Il fut cependant arrêté, sur ordre du Comité Révolutionnaire de Précy, pour n'être « pas considéré comme chaud patriote » et d'avoir dans son prône du 20 février 1792 proclamé « avec une pointe de mépris » l'arrestation du roi Louis XVI.
Son arrestation eut lieu un matin après la messe de sept heures. Lorsque le prêtre descendait les marches de l'autel, le maire révolutionnaire, accompagné du commissaire de la section de Chantilly et de deux soldats, s'avança vers le prêtre en lui lançant : « citoyen Delaunoy, au nom de la loi je vous arrête ». Le curé, visiblement étonné, demanda pour quelle raison. Le maire Deneuilly était un homme dur et brutal, qui considérait sa rudesse démagogique pour une conviction. Il reprocha au curé son refus notoire de prêter serment de fidélité à la République. Le curé, encore revêtu de ses habits sacerdotaux, réitéra son refus de prêter serment et redit solennellement sa fidélité au Pape et à l'Eglise. Pendant qu'il parlait encore, le maire visiblement énervé, l'interrompit brusquement et ordonna aux soldats de l'arrêter et de le conduire à la prison, au château de Chantilly. Le curé demanda la faveur de changer ses habits et d'aller jusqu'au presbytère pour y prendre quelques linges et faire ses adieux à ses vieux parents. Ce qui lui fut accordé.
Plateau avec 2 burettes du calice ChambayPendant que le curé déposait ses vêtements sacerdotaux sur le buffet de la sacristie, le maire et le commissaire réclamaient l'argenterie qu'ils voyaient dans l'armoire restée ouverte. Le curé leur remit, contre attestation, « deux chandeliers d'argents, un encensoir avec chaînes et navettes en argent, un plateau et deux burettes en argent, une croix de procession (brisée en plusieurs morceaux), un instrument de Paix, le tout pesant 22 marcs 2 onces d'argent », qui fut remis le vendredi suivant, 30 octobre 1793, au Directoire de Senlis. L'arrêté signé sur les registres de la paroisse par Christophe Deneuilly, maire de Précy, est daté du « 8ème jour de la première décade du deuxième mois de l'an second de la République Française, une indivisible et impérissable ».
Après avoir réclamé les clefs de l'Eglise, ils la fermèrent et signifièrent au curé l'interdiction de célébrer le culte. Un soldat fut placé à la porte de l'Eglise pour veiller à ce que personne n'y vienne.
Pendant ce temps-là, le cortège se rendait au presbytère. La vieille mère du curé ouvrit la porte, jeta un cri et se mit à sangloter pendant que les révolutionnaires retournaient la maison de fond en comble, espérant y découvrir quelque document compromettant. Le curé voyant leur zèle, profita d'un instant d'inattention pour quitter la soutane et s'enfuir par les jardins. Il réussit ainsi à se cacher quelque temps chez des voisins, où il dit la messe en secret.
Le chevet de l'égliseFurieux de s'être laisser tromper, le maire déclara le presbytère « bien national » avec ordre de le vendre aux enchères publiques. Ce fut fait le soir même. En même temps, on fermait et vendait aux enchères publiques l'Hôtel-Dieu qui avait abrité tant de pauvres, d'orphelins et de malades. Cet Hôtel-Dieu, situé rue de l'Allémont (l'actuelle rue Wateau) avait été fondé en 1664 par Madame de Vaucouleurs avec le concours de l'évêque comte de Beauvais, Monseigneur de Buzenval. Le presbytère fut acheté par Monsieur Josse pour la somme d'environ 500 F. Cette maison a été revendue par son fils en 1856 pour 12 000 F.
Après l'épisode au presbytère, le Comité repartit à l’église. Là, il donna libre cours à sa haine contre les nobles et les curés. L'église fut indignement profanée, mutilée. La croix, les statues des saints furent renversées, brisées, les boiseries sculptées mutilées à coups de hache. Ils brisèrent « le mausolée de marbre noir en forme de tombeau, recouvert d' une table également en marbre, sur laquelle reposait un gisant représentant Louis de Précy... ». RobespierreDans le caveau sous le dallage du chœur, on « trouva plusieurs cercueils en plomb et beaucoup d'ossements...  appartenant aux seigneurs de Précy. Le corps du pieux Messire de Saint Gelais, dépouillé de son linceul fut retrouvé intact... on prit donc le corps du fondateur, on le promena par dérision dans l'église dévastée et après l'avoir fouetté, mutilé, les révolutionnaires le rejettèrent nu dans le caveau ».
Puis ils montèrent au clocher et précipitèrent trois cloches du haut du clocher dans le cimetière. Elles furent vendues à un fondeur de Senlis pour faire des canons. Le 29 octobre, on portait à Paris 1428 livres de plomb provenant des tombes des Seigneurs. Le 30 octobre, on y avait porté l'argenterie. « Le 6 décembre, on acheva de dépouiller l'église, on prit les ornements, linges, les calices, ciboires, les boîtes aux saintes huiles, l'ostensoir, le tout en argent pesant 33 marcs ». Ces différents objets furent portés à Paris par le maire Deneuilly et son Comité Révolutionnaire.
« Ils rapportèrent une quittance en date du 18 primaire de l'an II ». Après le vandalisme à l'église, ils firent un feu de joie dans le cimetière. Ils y jetèrent des bancs, boiseries, stalles etc... L'église servirait désormais de lieu de réunion pour les fêtes Républicaines : Fête de la Liberté, Fête de l'Agriculture, Fête des Jeunes, Fête des Vieillards, Fête des Epoux et surtout la fête des fêtes, celle de la Souveraineté des Peuples.
Peu de temps après, le curé fut dénoncé et surpris « à minuit ». Il fut conduit avec Monsieur Pierre Tardu, notaire, dans une charette, en prison à Chantilly, où il fut détenu pendant près de deux ans. Il devait monter à l'échafaud. Sur ces entrefaites, Robespierre tomba et sa chute fit ouvrir les prisons. Devenu libre, Monsieur Delaunoy revint à Précy, et les églises étant ouvertes, il reprit ses fonctions. Il fut logé par charité chez les habitants en attendant que sa famille lui construise un nouveau presbytère sur le terrain que les révolutionnaires avaient confisqué à l'Eglise. On retrouva le confessional qui avait servi de guérite aux soldats qui montaient la garde devant la Maison du Peuple (Comité Révolutionnaire).
Ostensoir en argent doréLe curé se procura des vases sacrés en étain, de fer blanc ou de plomb. Une bienfaitrice, habile de ses mains, improvisa quelques pauvres ornements.
La santé fortement ébranlée par son séjour en prison, le curé mourut en 1805. Il fut enterré au pied de la grande croix du cimetière. Sur sa tombe on pouvait lire :
Louis Florent Delaunoy
Curé de Précy
décédé le 22 juillet 1805
âgé de 53 ans 4 mois et 7 jours.
Ci-gît ce bon pasteur, ce zélé Delaunoy
Apôtre de son temps il est mort pour la Foi.
Dans les jours de terreur, la prison ni l'orage
n'ont dégagé ses vœux ni glacé son courage.
Sans asile et sans pain, privé de santé.
Toujours il conserva son aimable gaîté.
Plein d'esprit divin jamais il n'eut de peine
Pour la gloire de Dieu et souffrit la disette et la gêne.
Les autels renversés et les temples détruits seuls ont pu lui causer de très cuisants soucis.
Précy verse des pleurs ! La mort, la mort altière
t'a ravi ton curé, ton soutien et ton Père.
Sur sa tombe en passant je jette cette fleur
Je l'offre à la vertu, j'en parfume ses mânes.

 

PAFE - Alexandre de Barry

Messire Alexandre de Barry


Le calvaire de PrécyEn 1696, Alexandre de Barry fut nommé curé de « Précy en Isle de France ».
La chronique paroissiale qui relate son installation est pittoresque. Le rituel ou cérémonial utilisé de 1563 à 1789 et même au-delà, était à peu de chose près, partout le même en Beauvaisis comme en Ile de France. Face aux nombreux abus de la part des laïcs comme de la part du clergé : curés « nommés » ne résidant pas dans leur paroisse, prêtres « vagi », vagabonds sans attache diocésaine, laïcs « curés » alors qu'ils ne sont pas prêtres, etc... les réformes voulues par le Concile de Trente mettent l'accent sur l'installation canonique, la fidélité à l'Eglise locale et le devoir de résidence, d'où le déploiement d'un rituel soulignant ces différents aspects.
Messire Alexandre de Barry arriva un beau matin de juin de l'an de grâce mille six cent quatre vingt seize.
Gardes suissesLa calèche ouverte qui l'amena, lui, le grand-vicaire du Cardinal-évêque de Beauvais et le Prieur de l'abbaye de Saint Leu, était tirée par deux chevaux blancs. Elle était précédée de deux fiacres où avait pris place la famille du nouveau curé. Arrivé au calvaire à l'entrée sur la route de Beauvais il fut accueilli par le maire, les marguilliers de la paroisse et une foule de paroissiens venus par devoir ou par curiosité pour le conduire en procession jusqu'à l'église. Quand le curé descendit de la calèche, le maire s'avança pour lui adresser un compliment. Une petite fille lui offrit une gerbe de fleurs et fit une révérence. Le curé l'embrassa. La foule l'acclama et applaudit longuement. Puis le cortège se mit en route vers l'église.
Le curé portait une soutane et une cape en moire aux reflets changeants. Il tenait son chapeau tricorne à la main, portait un rabat, une croix pectorale et sur ses chaussures de cuir vernissé, des boucles d'argent. Le Suisse en grande tenue d'apparat, coiffé de son plus beau chapeau garni de blanches plumes d'autruche, sa hallebarde brillante à la main, conduisait derrière la croix de procession une quinzaine d'enfants de chœur, tous vêtus d'une soutane cardinalice et d'un surplis à dentelles. Ils portaient des chaussons rouges et sur la tête une calotte de même couleur. Derrière eux, précédées de la bannière de la vierge, défilaient les enfants de Marie, toutes vêtues de blanc et enrubannées de cordons bleus. Elles avaient le visage voilé, portaient des gants blancs et chantaient des cantiques sous la conduite de l'écolâtre de la paroisse. Suivaient à cheval, les chevaliers de l'arc de la confrérie de Saint Sébastien. Chacun tenait son arc et un écu aux armes des Montmorency-Luxembourg. Deux serpents d'église accompagnaient le cortège. Les cloches sonnaient à toute volée.
Ancienne abbaye de St LeuArrivé devant le grand portail de l'église, le nouveau curé descendait de la calèche et se dirigeait vers la grande croix au milieu du cimetière pour y déposer une gerbe de fleurs et s'y recueillir quelques instants. Puis, toujours accompagné du grand-vicaire, du Prieur de Saint Leu, des deux chapelains de Précy, du doyen de Beaumont et des curés des environs, il retournait devant le grand portail de l'église où le grand-vicaire invitait le curé « nommé » à prendre « possession réelle et corporelle » de son église.
Le Prieur de Saint Leu lui remettait aussitôt la grande clef de l'église, qu'un enfant de chœur lui présentait sur un coussin rouge. Le curé ouvrait alors la grande porte et entrait en aspergeant d'eau bénite les fidèles qui entonnaient l'hymne : « tu es sacerdos in aeternum ». Puis, accompagné du grand-vicaire, l'abbé Alexandre de Barry se dirigeait vers le maître-autel. Le grand-vicaire, arborant une croix pectorale à diamants sur son camail violet, montait solennellement, ouvrait le tabernacle et le curé agenouillé devant l'autel renouvelait à haute et intelligible voix, ses promesses de baptême, ses engagements sacerdotaux et sa fidélité à l'Eglise. Le cérémoniaire lui faisait alors signe de se relever et le grand-vicaire lui remettait alors un anneau en disant : « Recevez cet anneau et portez-le en signe de l'alliance du Seigneur avec l'Eglise de Précy. Elle est désormais votre épouse dont je vous établis pasteur ».
eglise interieurLe curé monte alors à l'autel, baise l'autel, ferme le tabernacle et revêt les ornements sacerdotaux déposés sur l'autel. Ils sont de toute beauté car à Précy on sait broder et faire des dentelles de qualité. Ensuite il prépare le missel pour la messe qu'il va célébrer. Auparavant, le grand-vicaire le conduit aux fonts baptismaux sur lesquels il impose les mains puis le conduit au confessionnal. Il y entre, s'assoit et en ressort aussitôt. Après, il est conduit au fond de l'église où il est invité à sonner les cloches en compagnie des trois sonneurs bien rondouillards. Puis il retourne à l'autel où le grand-vicaire proclame la prise de possession. Après sa première messe dans sa nouvelle paroisse, le curé recevait l'hommage du maire, des marguilliers et des notables de la paroisse. Un banquet organisé au presbytère clôturait la cérémonie. A voir le menu, il faut croire qu'ils avaient de solides estomacs.
Il y avait plusieurs entrées, des entremets, plusieurs viandes rouges et blanches, des faisans et des chapons, des poissons, des fruits et des desserts ; le tout arrosé de vins appropriés à chaque plat.
Un vrai repas de noce ! ...
Le Rituel de cette époque invite le curé à redire chaque jour la prière ; « Seigneur, vous êtes celui qui chaque matin passe à mon doigt l'anneau du fils prodigue, faites que de nos coeurs incertains jaillisse la joie et la louange pour votre plus grande gloire ».
« L'An 1697, le quatrième jour de May », on transporta à l'église « avec toute la solennité qu'on pense » les reliques jusque là pieusement vénérées en la chapelle du château. Madame la Duchesse de Montmorency -Luxembourg qui les avait offertes à l'église, assista à la cérémonie « présidée par Messire Claude-François Lefèvre d'Ormesson, prêtre docteur de la maison de Sorbonne, doyen de l'Eglise de Beauvais, Vicaire général de Monseigneur l'éminentissime Cardinal de Janson Forbin, évêque-compte de Beauvais, Vidame de Gerberoy, Pair de France, Commandeur des ordres du Roy... et en présence de Messire Alexandre de Barry, prêtre chapelain, Messire Henry Hané aussi chapelain dudit Précy et de Ma dite Dame Duchesse de Luxembourg... et Messire Robert Chefdeville, curé de Beaumont pris comme secrétaire, qui apposa, après reconnaissance des saintes reliques, le sceau de Monsieur le Cardinal-évêque ».
Blason Lefèvre-d'OrmessonAlexandre de Barry resta curé de Précy jusqu'en 1704. Il a courageusement œuvré pour changer les mentalités imprégnées du jansénisme fort répandu dans la région. Il accepta le legs de Madame la Comtesse de Bouteville au profit des chapelains, s'élevant à 90 livres de rente annuelle. Il accepta également au nom de la Fabrique la fondation faite en 1699 « pour que la prière du soir fut récitée tous les dimanches avec bénédiction du saint ciboire ».
Cela se passait à la lueur des cierges et des bougies, le tout baignant dans les nuages parfumés de l'encens.

PAFE - Angélique de Vaucouleurs

Angélique de Vaucouleurs


Le Cardinal Chigi à FontainebleauLe Pouillé du Diocèse de Beauvais, établi en 1707, précise qu'un indult daté du 22 août 1664 signé par le Cardinal Chigi, légat papal en France, accorde à " Angélique de Vaucouleurs âgée de 55 ans, fort infirme, ayant bâti à ses dépens une maison pour panser les malades, recevoir les orphelins et INSTRUIRE LA JEUNESSE, et promettant y construire un oratoire... que cette maison soit érigée en hôpital et qu'on puisse y administrer le sacrement de l'Eucharistie... ".
Quelques ruines de ce petit oratoire subsistent au n°28 bis de la rue Gaston Wateau. En 1980, on pouvait encore y voir le petit clocheton qui s'écroula lors d'une tempête.
Angélique de Vaucouleurs paya de ses deniers " l'écolâtre paroissial " de Précy pour que l'enseignement soit gratuitement dispensé dans son établissement. Le livre des comptes de la paroisse mentionne que " l'écolâtre paroissial et maistre d'escolle auprès de Dame de Vaucouleurs qui le rétribue pour ce service, devra également dresser un état des baptêmes, mariages et sépultures dans la paroisse, ainsi que des événements remarquables et curieux survenus au village ".
Etant donné la modicité de son traitement paroissial – 250 livres en 1787 – il bénéficiera de l'herbe et du foin du cimetière, des fruits des arbres derrière l'église, ainsi que de la fiente des pigeons du clocher, qu'il mettait en sachées, vendues à raison de 30 sols le sac. (1775).
Vu sa situation précaire, il lui sera accordé de prendre des élèves en pension " pourvu que les droits d'écolage soient réglés par les parents, suivant l'âge et le degré d'instruction des enfants... ". Ces cours particuliers étaient payés en argent et en nature, l'encre, les plumes et le papier étaient à charge des parents de ces élèves particuliers.
Germain NoelEn décembre 1788, un laboureur donne au maître d'école : " un minot de blé et 24 sols par mois " pour l'enseignement prodigué à son fils. Pour l'apprentissage du plein chant, il lui donne 250 fagots à 13 livres.
En 1788, le maître d'école demande 24 livres pour un cours particulier d'arpentage ou mesurage.
Ces élèves des cours particuliers étaient surtout des fils de laboureurs ou vignerons aisés.
Pour pouvoir payer l'écolâtre et entretenir les pauvres et les orphelins de son établissement où " elle fournissait gratuitement le trousseau, la nourriture, papier, plume et encre à ses protégés ", Angélique avait obtenu l'autorisation de quêter une fois par mois dans la paroisse et de placer des troncs chez quelques commerçants tels le boucher, les boulangers et les vignerons. Le reste de leurs modestes ressources provenaient de dons, de legs, de jubilés, d'amendes de cabarets, de rentes, etc...
Le chirurgien-apothicaire, habitant à côté de sa maison, soignait gracieusement les quelques pauvres malades et orphelins qu'Angélique de Vaucouleurs avait pris sous son aile. Quand plus tard, à la mort du médecin généreux, elle dut faire appel au sieur Allou, maître chirurgien à Précy, elle régla sur ses propres deniers les honoraires du médecin.
Un hôpital au Moyen-AgeLa scolarité était rythmée par les saisons et les travaux agricoles, ce qui signifie que peu d'enfants suivaient l'école pendant la préparation des champs et des vignes, la moisson et les vendanges. L'hiver était la saison la plus propice à l'instruction.
A la charge du maître d'école également, l'organisation de la fête de Sainte Catherine (25 novembre) pour les filles et la Saint Nicolas (6 décembre) patron des écoliers, pour les garçons. Ces fêtes furent supprimées en 1788 " vu la cherté des denrées " pour le repas de fête donné à ces occasions.
Le maître d'école assistait le bedeau et les enfants de choeur, il veillait aux sonneries des cloches. Un article du règlement précise : " l'école sera sonnée tous les jours au coup de huit heures du matin et commencera à huit heures et demie juste pour finir qu'à midi moins le quart passé et que l'Angélus puisse être sonné à midi juste. L'Après midi elle sera sonnée à une heure et demie et commencera à deux heures juste pour finir à cinq ". (E. Morel)
C'est l'écolâtre lui-même qui sonnait la cloche de l'église pour avertir les écoliers de se rendre à l'école. Pour l'entretien du jardin potager du curé, il touchait également une gratification annuelle de 40 livres en 1789, sans parler des étrennes (6 livres) et autres dons en argent ou en nature.
La sortie des écolesLorsqu'au printemps 1789, la misère se fit sentir davantage, les marguilliers de la paroisse votèrent une allocation pour financer la charité d'Angélique de Vaucouleurs. Le maître d'école était également rétribué " pour faire la dîme " et pour tirer le canon et sonner les cloches lors de l'installation d'un nouveau curé. Il était, en somme, la main droite autant du curé que de Dame Angélique de Vaucouleurs et du duc de Montmorency, puisque ce dernier lui paya également un traitement de cinquante livres par an.
Vers 1720, Madame de Montmorency-Bouteville y installa une religieuse de Sainte Geneviève de Paris.
Louis Graves écrit en 1823 qu'on ne trouve dans le canton d'autre enseignement que celui des écoles primaires. Dans sa liste, il signale qu'il y avait en 1823, soixante deux écoliers à Précy et que, sur 749 habitants, 149 personnes savaient lire et écrire.
L'église vue d'en hautL'endroit précis où se trouvait l'école est celui de la Maison de Charité fondée par Angélique de Vaucouleurs en 1664. A la Révolution, les maîtres d'école sont interdits et les Religieuses enfuies en exil en Belgique. Plus tard, le 21 pluviôse de l'an II de la République, le citoyen Louis Sébastien Landru, ancien maître d'école de la paroisse de Précy et de la Charité est autorisé à sa demande à ouvrir une école à Précy. Madeleine Ginette Le Coeur est également autorisée à ouvrir une école à partir du premier ventôse de l'an II de la République.
Pour aider Landru à arrondir ses fins de mois, le maire et les officiers municipaux de Précy le choisissent plus tard pour " balayer ou faire balayer le temple de l'Être Suprême et la chambre de la commune la veille de chaque décadi et des fêtes... et il lui sera payé trente livres ".
Comme " il n'y a dans la commune aucun autre logement possible d'occuper pour les écoles primaires que la maison dite ' la Charité ' - d'Angélique de Vaucouleurs – les administrateurs du Directoire du District autorisent la municipalité à s'emparer de la Charité pour y faire tenir les écoles primaires...". Le 12 décembre 1790, Jacques Jean Charles Tellier, sergent de ladite municipalité procéda à la vente des meubles et effets étant en la maison de la Charité... et l'école primaire y fut installée.
Angélique de Vaucouleurs morte en 1686 à l'âge de 77 ans n'a pas connu ces tristes événements.
Son oeuvre devait cependant continuer dans un autre esprit et sous d'autres formes mais toujours au service de la jeunesse.

PAFE - Les écoles

Les écoles


St Jean-Baptiste de la SalleParler des écoles, c'est s'avancer sur un terrain truffé de mines. Deux thèses se sont classiquement affrontées depuis 1880. D'une part, ceux qui voient dans l'Ancien Régime le règne de l'ignorance et parlent facilement de désert scolaire, d'obscurantisme et de crétinisation des masses ; et, d'autre part, ceux qui insistent sur le très vaste réseau des petites écoles paroissiales et sur le travail de fourmi des curés, clercs, frères, écolâtres et religieuses dans les villes et campagnes de France.
Rien que la congrégation de Saint Jean-Baptiste de La Salle, qui se consacrait à l'enseignement gratuit des pauvres, comptait en 1789, 110 établissements pour 30.000 garçons. Il suffit également d'examiner tant soi peu les signatures et les minutes des actes notariaux pour se rendre compte que la France de l'Ancien Régime était plus alphabétisée qu'on ne l'a cru généralement. Les polémiques du XXème siècle, souvent basées sur des critères dénaturés hérités du XIXème siècle, ne tiennent pas devant les faits et situations objectivement historiques.
L'enseignement, l'instruction et l'éducation des enfants ont toujours tenu une grande place dans les préoccupations des nations civilisées.
CharlemagneAu cours des siècles, on a souvent remis en cause et remanié les méthodes, les programmes, le personnel, etc.
Cette perpétuelle remise en cause ou évaluation continue a démontré ses avantages et ses inconvénients. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas toujours une avancée au profit des élèves.
En faisant un survol historique, on peut dire que les documents relatifs aux écoles en province sont rares avant le XIème siècle.
Les écoles paroissiales fondées pour les enfants du peuple, se perdent dans la nuit des temps. Il était inconcevable d'ériger une paroisse sans qu'il y ait en même temps une école.
Le 2ème Concile provincial de VAISON (Vaucluse), ouvert en 529, prescrit en son premier canon, l'obligation aux prêtres de toutes les paroisses des Gaules, d'avoir une école chez eux pour y former de jeunes lecteurs. Le Concile de TOUL de 859, insiste sur « la décadence des écoles, due aux invasions des Normands et des discordes civiles sous l'empire carolingien ».
Le Concile supplie les princes de « reprendre en main les écoles publiques comme l'avaient fait précédemment les empereurs ». Aux prêtres, le Concile demande « de donner des soins assidus à leurs écoliers ... de leur enseigner les belles lettres ». Au Moyen Age, on désignait souvent l'église et le presbytère sous le nom de moustier - monasterium. Là en effet se trouvaient réunis comme dans un monastère, les prêtres, un maître d'école, les clercs, les moines, etc. On en trouve à MONTMARTIN (1219), Saint Germain à NOYON (1308), le Moustier de CHEVRIÈRES (1371), de RHUIS et de SAINT-GERMAIN lès VERBERIE (1390), THIESCOURT, MONTLÉVÊQUE, etc...
Il y a également de très nombreux témoignages écrits qui font état d'écoles épiscopales, monastiques ou paroissiales avant le XIème siècle. C'est le cas de saint Médard qui naquit en 456 à SALENCY près de NOYON (Oise). D'après les historiens, il fréquenta l'école paroissiale de SALENCY et « surpassa en peu de temps tous ses compagnons par son prodigieux savoir dans la science des lettres ». Il alla également aux écoles de VERMAND et à celles de TOURNAI.
St GermerDe même, saint Germer fut élevé à l'école épiscopale de BEAUVAIS tout comme saint Audebert né en 610 à SENLIS « se montra le disciple assidu des maîtres les plus pieux et les plus savants » à l'école épiscopale de SENLIS. On conserve, aux Archives Départementales de l'Oise (A.D.O.), une charte datée de 972, signée par l'évêque Constance de SENLIS. Elle comporte la signature de quatre enfants de chœur ce qui prouve qu'ils savaient écrire et sans nul doute lire.
Acte de 1820 de certification de l'écoleYves de Chartres né en 1040 à AUTEUIL près de BEAUVAIS, étudia la philosophie et les belles lettres à l'école épiscopale de BEAUVAIS. On pourrait multiplier les exemples qui prouvent qu'il y eut des écoles dans notre région. A partir du XIème siècle apparaît un personnage entouré partout d'honneur et de vénération. C'est l'écolâtre : magister scholarum ou encore appelé scholasticus. Il cumule souvent la fonction de directeur des écoles avec celle de chantre, maître de cérémonies ou de bibliothécaire. C'est souvent un clerc ou un religieux. On connaît le nom et les fonctions de plusieurs écolâtres réputés comme GAUTIER qui était écolâtre-bibliothécaire à BEAUVAIS vers 1100, Raoul de BEAUVAIS qui vers 1155 était professeur de grammaire à l'école épiscopale de BEAUVAIS. Les registres capitulaires des cathédrales, monastères ou églises paroissiales donnent des renseignements précis sur les charges et prérogatives des écolâtres. C'est ainsi qu'on apprend par exemple qu'ils formaient les lecteurs pour les offices religieux. Les écolâtres avaient leurs célébrités comme Guibert de NOGENT (XIème siècle), écolâtre à l'abbaye SAINT-GERMER-de -FLY (Oise). Ses « Gesta Dei Per Francos » restent une référence. De même, Raoul de FLY mort en 1157, écolâtre de l'école de l'abbaye qui a laissé des commentaires sur le Lévitique, les Proverbes, les Épîtres de saint Paul, etc...
Jean BARILLET, écolâtre du XVème siècle, au chapitre de saint ÉVREMOND à CREIL, dirige les écoles de CREIL. Il était écolâtre-calligraphe.
On sait combien Charlemagne a poussé à favoriser l'enseignement et en particulier l'enluminure et les miniatures. A CRÉPY en Valois, l'écolâtre est à partir du XIIème siècle chargé des enfants pauvres pour leur procurer en plus de l'instruction, des secours en argent ou en blé. A SENLIS, il y eut dès le Xème siècle une école paroissiale (972). En 1151, l'évêque Thibault de SENLIS établit définitivement un écolâtre à l'école qui prit le nom de Notre-Dame et de Saint Rieul.
Abbaye de St-Germer-de-FlyQuand les terreurs de l'an mil furent dissipées, on fonda dans la plupart des villes, des maisons pour étudiants sans fortune appelés Hôpitaux, Charité ou Hôtel-Dieu où les écoliers indigents avaient gîte, table et ressources de tout genre. C'est ainsi que l'on comprenait la gratuité de l'enseignement avant l'école publique républicaine, laïque et gratuite. On désignait les élèves du nom de « Capette » à cause de la petite cape qu'ils portaient. Ailleurs, ils s'appelaient « les Bons Enfants » à cause de leur conduite exemplaire ; ailleurs encore on les appelle les « Pauvres Clercs » à cause de leur statut social.
Plus tard, on ouvre des collèges : collège à BEAUVAIS (1370), les Jacobins à BEAUVAIS (1615), SAINT-GERMER-de-FLY (1686), GERBEROY (1586), CLERMONT (1574), COMPIÈGNE (1560), SENLIS (1523), etc.
Ces collèges viennent en plus des écoles, des Charités, Hôtel-Dieu, etc. Les écolâtres clercs ont une place dans les stalles du chœur de l'église, souvent à droite du curé de la paroisse.
Les évêques veillent à la formation des écolâtres dont certains ont une maîtrise. Les curés sont chargés de surveiller et de contrôler l'enseignement donné, de s'assurer des progrès accomplis par les élèves et de les encourager à mieux faire encore.
Jules Ferry« À PRÉCY en Isle de France, une daine de VAUCOULEURS fonda en 1664 un Hôtel-Dieu pour secourir les malades, recevoir les orphelins et instruire gratuitement la jeunesse. La duchesse de Luxembourg donna des bâtiments pour établir un petit hospice en 1699. Vers 1720, Madame de MONTMORENCY-BOUTEVILLE y installa une soeur de Sainte-Geneviève de PARIS pour y tenir l'école à perpétuité. » (Op.cit. page 112).
À la Révolution française, l'école, l'Hôtel-Dieu, Charité, le presbytère et les propriétés et terres de la paroisse sont vendus comme biens nationaux. L'écolâtre et la maîtresse d'école, la religieuse sont interdits d'enseigner.
L'histoire du maître d'école de PRÉCY est éloquente. Louis Sébastien LANDRU, l'écolâtre, chantre depuis 17 ans devient en 1791 secrétaire greffier au conseil municipal. Quand le 16 Pluviôse de l'an second, les gouvernants lancent un appel aux candidatures de maîtres d'école et à l'ouverture des écoles, LANDRU pose sa candidature ainsi que Madame Ginette Le CŒUR pour l'école des filles. Toute cette réorganisation de l'enseignement primaire ne va pas sans mal.
François GuizotLouis GRAVES relate dans ses statistiques de l'Oise qu'à PRÉCY en 1825, il y avait 62 élèves et, en 1827, 75 élèves. Le nombre de gens sachant lire et écrire est de 149 : soit un cinquième de la population. Il écrit : « On peut dire qu'il y a encore peu d'instruction répandue dans la population. On peut ajouter que l'intelligence y dépasse le savoir, ce qui est à coup sûr d'un heureux augure pour l'avenir. » (L. GRAVES. Pages 243-245).
Comme écoles, il n'y a alors que les écoles primaires. Elles sont généralement ouvertes au mois de novembre et ferment à la moisson. PRÉCY a une école pour les filles et une pour les garçons. La classe unique est de règle. Il y a plus de garçons que de filles scolarisés.
Les méthodes d'enseignement posent beaucoup de problèmes ainsi que la situation précaire des instituteurs, ce qui les oblige à cumuler d'autres fonctions vu la modicité de leur traitement.
Il faudra du temps pour que l'enseignement populaire s'organise. En 1824, devant l'impossibilité de trouver suffisamment de maîtres d'école et de locaux pour accueillir les enfants, la loi rend à l'évêque et aux curés le contrôle sur la nomination des maîtres et la surveillance des écoles. En 1833, la loi Guizot renforce l'obligation imposée aux communes d'avoir une école.
Henri YoufEn 1881 la loi oblige la gratuité des écoles publiques. En 1878, 54,6 % des élèves de l'école publique paient leur scolarité. En 1880, ils sont encore 52% à payer mais en 1881, le pourcentage tombe à 8,9%.
La loi du 28 mars 1882 établit l'obligation scolaire en obligeant les parents à envoyer leur enfant à l'école.
En 1881, près de 80% des enfants du département de l'Oise sont scolarisés dans le primaire. On compte alors 1.131 écoles dont 135 écoles libres et 996 écoles publiques.
C'est seulement en 1882 que la loi prévoit la création dans chaque village d'une école publique, laïque et gratuite. A partir de cette date les écoles paroissiales et celles placées sous la surveillance ou l'autorité du curé sont laïcisées ou supprimées. C'est en 1850 qu'à PRÉCY on avait procédé à une école pour filles et une pour les garçons. La mairie-école pour les filles sera terminée en 1854. Le projet de construction des nouvelles écoles et leur réalisation se fera vers 1905. C'est alors la fermeture et la suppression des écoles Saint-Joseph pour les garçons, tenue par l'instituteur paroissial, et celle de Notre-Dame pour les filles, tenue par les religieuses de la Compassion. Ces dernières quittent PRÉCY peu après la loi interdisant les Congrégations Religieuses. Ce n'est qu'après le don d'un terrain par Henri YOUF que l'on construira les écoles Jean-Baptiste MOLIÈRE et Jules VERNE et, plus tard après la Seconde Guerre mondiale, l'école George SAND. Devenues mixtes, elles sont, en 2001, regroupées en un ensemble qui porte le nom d'Angélique de VAUCOULEURS (21/12/2001).