PAFE - Gabriel Fauré

GABRIEL FAURÉ (1865-1924)


Louis NiedermeyerFils d'un instituteur devenu directeur d'école normale, Gabriel Fauré suit dès l'âge de 9 ans les cours de l'école de musique fondée en 1853 par Louis Niedermeyer. Elève et ami de Saint-Saëns qui lui fait découvrir Schumann, Liszt, Wagner, c'est comme organiste que Fauré fait ses débuts à Rennes (1866). Après la guerre de 1870, on Ie retrouve titulaire à Saint-Honoré d'Eylau, et il participera à la fondation de la Société nationale de musique. Il est nommé en 1877 maître de chapelle à la Madeleine.
Gabriel FauréParallèlement, il est un hôte apprécié des salons parisiens où son caractère, ses qualités pianistiques et d'improvisation font merveille : En 1892, Fauré est nommé inspecteur des Conservatoires : en 1896, il est titulaire du grand orgue de la Madeleine, puis succède à Massenet comme professeur de composition au Conservatoire, où il comptera de nombreux et prestigieux élèves : Florent Schmitt, Charles Koechlin, Nadia Boulanger, Maurice Ravel.
Malgré une surdité qui devient quasi-totale, il est le Directeur du Conservatoire en 1905. En 1909, c'est l'Institut (Académie des Beaux Arts) qui l'accueille en son sein. C'est un homme au faîte de la gloire qui s'éteint en 1924, et à qui la patrie reconnaissante accorde l'ultime honneur des obsèques nationales.
Le nom de Fauré est indissociablement lié aux mélodies, aux pièces pour piano et à la musique de chambre dont il est le véritable créateur en France. Mélodiste de tout premier plan, sa musique se marie remarquablement aux poèmes de Verlaine, Hugo, Armand Silvestre... Ses pièces pour piano, sa contribution majeure à la musique de chambre (Quatuors pour piano et cordes, sonates pour piano et violon...), son célèbre Requiem (1887) le placent aux cotés d'un Debussy et d'un Ravel parmi les grands compositeurs qui régénérèrent la musique française au tournant du siècle.


Gabriel Fauré venait régulièrement à Précy chez ses amis Henneguy de la rue Saint-Germer.
Le dimanche après les vêpres, Gabriel Fauré restait de temps en temps en l'église de Précy pour y jouer de l'orgue pour ses amis. Marie-Louise Pironnet, pianiste, "Tante Lou-Lou" pour les intimes, était de ceux-là. Elle était la tante de Madame Marcelle Collet et tenait l'orgue à la messe du Dimanche. Gabriel Fauré a écrit un morceau d'orgue pour elle.
M MaeterlinckSurtout connu pour son Requiem (1887) qui évoque la paix de la mort, il composa également de la musique de scène pour " Pelléas et Mélisande " de Maeterlinck et en tira une suite de concert dans laquelle il engloba la charmante " Sicilienne " op.78 pour violoncelle et le magnifique " Adagio " annonçant la mort de Mélisande.
Ses " Quatuors " et " Berceuses " pour violon et piano ainsi que le recueil de chansons sur des textes de Paul Verlaine parlent de ses remarquables talents musicaux.
(Propos recueillis auprès de Madame Henneguy et Madame Collet)

Gabriel FauréLes lettres de Gabriel FAURÉ, en particulier celles adressées à son fils Emmanuel FAURÉ-FRÉMIET et à sa belle-fille Jeanne HENNEGUY de Précy, jettent une lumière sur l'intimité familiale de l'artiste. A un moment donné de la guerre 14-18, son fils et sa belle-fille Jeanne HENNEGUY avaient fui Paris et séjournaient alors à Précy chez les parents HENNEGUY, rue Saint Germer. Invité par Madame HENNEGUY mère pour aller dîner à Précy, Gabriel FAURÉ écrit à sa belle-fille :
« Ma chère Jeanne,
Quel soir vos parents veulent-ils bien compter sur moi pour dîner ? Je vous avais proposé vendredi... si le choix n'est pas encore fait, je vous demanderai de me laisser reprendre lundi. Excepté ce soir là, tous les autres restent à la disposition de Madame Henneguy.
Voici deux fauteuils pour demain soir si le froid ne vous fait pas peur
Je vous embrasse, Emmanuel et vous, bien tendrement.
Gabriel Fauré »

Saint-SaensDans une lettre datée du 17 avril 1916 où il parle d'une invitation à venir déjeuner, il écrit :
« Ma chère Jeanne,
Je ne me souviens plus si nous étions convenus, pour que je vienne déjeuner le jeudi prochain ou le jeudi suivant ? Choisissez car je pourrai venir l'un et l'autre jour. Votre maman a souffert beaucoup avant-hier et hier de cruelles crampes : elle était extrêmement abattue. Elle va mieux, un peu, aujourd'hui. De Philippe, nous avons reçu un petit mot hier, 16, le matin, matin daté du 10. Il allait bien. J'espère que vous avez de bonnes nouvelles de Précy.
Je vous embrasse tous les deux, bien tendrement.
Gabriel Fauré »

Jules MassenetDans ses lettres à ses enfants, il parle rarement de sa musique ou de ses relations pourtant nombreuses avec les musiciens de son époque. Il parle de son « admiration pour son ancien professeur Camille Saint-Saëns » de « la préciosité des mélodies de Massenet » à qui il succéda en 1896 au Conservatoire de Paris dont il devint directeur en 1905. De son élève Maurice Ravel, il prédit un brillant avenir. Apprenant que son fils Emmanuel fait écouter du Wagner au Collège de France, il écrit à sa belle-fille, Jeanne HENNEGUY :
« Comment Emmanuel ose-t-il faire retentir la rue des Écoles de sonorités affreux ! » [ ... affreuses]
D'où qu'il écrit : Paris, Évian-les-Bains, Toulon, Pau, Toulouse, Annecy, l'Abbaye de Valloires ... il termine souvent ses lettres par un petit mot pour les HENNEGUY de Précy.
A propos de la destruction du Pont de Précy et de l'avancée des Allemands, il écrit :
Maurice Ravel« Je suis consterné par ce qui arrive à Précy et m'inquiète de la santé de vos parents après une terrible émotion. Dites-moi vite comment ils vont tous. Et cette pauvre blessée ? J'ai quitté Paris pas bien portant. J'ai dû m'aliter dès mon arrivée [Évian] ici en descendant du train. Je vais mieux, mais je reste faible, accablé... Je somnole toute la journée. Le médecin qui m'a très attentivement examiné, assure que je n'ai rien sinon une faiblesse générale dont un repos absolu viendra à bout.
Donnez-moi bientôt de vos nouvelles et de Monsieur et Madame HENNEGUY et de Suzanne. »

Pendant la guerre 14-18, Gabriel FAURÉ exprime souvent son inquiétude pour son fils Philippe qui est à l'armée. En convalescence à Évian il écrit :
« Evian, 27/7/16
Mes chers enfants,
Ville d'EvianJe vous remercie tous deux de me donner des nouvelles. Ne soyez pas inquiets de moi. Je vais mieux chaque jour et l'essoufflement est toujours en décroissance. Quant au travail, je le mène très en douceur, je vous l'assure. J'ai reçu hier, 26, une petite lettre de Philippe du 20. Il veut certainement me tranquilliser en m'assurant qu'ils sont là-bas au calme ! Ça, Dieu le veuille ! Mais de votre maman je n'ai rien reçu depuis fort longtemps. J'ai peur qu'elle ne veuille rentrer à Paris prématurément. Les nouvelles de la guerre sont très belles, mais il faut cependant ne rien précipiter.
Heureux d'apprendre que vos parents iront bientôt au Croisic. Je voudrais espérer que vous irez aussi tous les deux ! Emmanuel n'a-t-il pas droit à un nouveau congé ?
Je vous embrasse tendrement.
Gabriel Fauré »
« Évian, mardi 16 juillet 1916
Je vais mieux. Depuis deux jours je sors un peu en voiture et ces petites promenades me font grand bien. Je n'ai pas encore reçu de nouvelles de votre maman. Les départements frontière sont maltraités par la poste ! ... »
Le CroisicSoucieux de la santé de ses enfants, il insiste pour qu'ils se soignent :
« ...Il est important que vous puissiez aller respirer un air plus sain que celui de Paris ... Il faut que vous profitiez tous les deux pour aller un peu près de vos parents au Croisic... »
D'Évian où il se soigne après une forte bronchite, Gabriel FAURÉ écrit le 17 juillet 1918 :
« Mes chers enfants,
Quand je vous écrivais hier, je ne savais rien encore de la reprise des bombardements ! Et me voilà très tourmenté pour vous tous. Je vous demande donc de m'envoyer souvent quelques lignes. Nous sommes bien moins rapidement informés qu'il y a deux ans, lorsque le service des bateaux fonctionnait [sur le lac d'Annecy]. Nous dépendons maintenant de la poste de Paris qui nous apporte les journaux avec cinq ou six jours de retard !
Je vous embrasse de tout cœur et je pense bien à vous.
Ne va-t-on pas transférer vos travaux à Grignon ?
Toujours sans nouvelles de votre maman ! »
Francois RudeEn 1918, après une période de découragement et d'écœurement provoquée par les critiques d'art, il écrit à sa chère belle-fille Jeanne :
« Ma chère Jeanne,
Voulez-vous demander à votre père s'il lui serait possible de m'envoyer les conditions d'admission à l'École de Grignon et le programme de 1919 ? Je lâche la musique et veux m'adonner corps et âme, s'il n'est pas trop tard, à l'étude des engrais !... »
Quand il découvre les toiles et les talents de son fils Emmanuel pour la peinture, il en est ravi et l'encourage vivement de « développer ce violon d'Ingres ». Il est vrai que le gène artistique était présent dans la famille. Son grand-père maternel était le sculpteur Emmanuel FRÉMIET : il était l'élève et le neveu de François RUDE, le pas moins célèbre sculpteur à qui on doit la Marseillaise de l'Arc de Triomphe à Paris.

Gabriel FauréUne lettre qui retient particulièrement l'attention est celle que Madame Gabriel FAURÉ adresse à son fils Emmanuel FAURÉ-FRÉMIET et à sa belle-fille Jeanne HENNEGUY. Laissant libre cours à ses sentiments, elle montre à quel point elle voulait sauver les apparences alors que tout le milieu des artistes savait que son mari avait une maîtresse et que son couple battait de l'aile.
Madame FAURÉ semble ressentir ce fameux « REQUIEM » et cette invitation d'y assister comme l'annonce d'un enterrement.
« Samedi 28 mars 1923
Mes chers enfants
On m'envoie 2 places baignoire 6, pour demain 15 H. Ce n'est pas ce que je désirais, enfin ! Il faut s'en arranger.
Philippe me dit que c'est Emmanuel qui viendra, mais si c'est Jeanne, je l'embrasserai en l'abordant, ce que je ne ferai pas pour Emmanuel, mais en partant je ne dirai rien. Voilà ce que je désire : que celui qui viendra, arrive un quart d'heure avant le concert et m'attende dans l'endroit où on montre ses billets (le papier est seul pour deux) et il y a à payer 2s50 — il faut donc que nous soyons ensemble. Ensuite qu'on me parle jusqu'au moment où commencera le REQUIEM, mais alors qu'on m'oublie. On m'aura laissée prendre la place que je veux : dans le fond devant la porte. Je partirai après le REQUIEM et je demande :
Qu'on ne me parle pas,
Qu'on ne me regarde pas,
Qu'on ne m'aide pas,
Qu'on ne m'ouvre pas la porte.
Maurice BarresJe VEUX emporter ce REQUIEM dans le silence et la solitude de ma pensée. Je garderai ma voiture pour y monter sans parler et revenir ici sans parler.
Pour mon excuse de cette sauvagerie, qui ne touche en rien à mon affection maternelle, j'ai à citer une phrase de Barrès : La solitude embellit tout... pour goûter une émotion profonde il faut être seul. Je ne suis donc pas seule à avoir besoin de faire taire Tante Anna.
A demain l'un ou l'autre mes chéris et merci pour la carte d'hier, elle m'a bien amusée. Je vous embrasse tendrement.
Maman »

Le 2 août 1924, peu de temps avant sa mort, Gabriel FAURÉ se soucie du voyage et de l'installation à un nouveau domicile de ses enfants. Il écrit :
Emmanuel Fremiet« ...Il me tarde d'avoir des nouvelles du voyage et de l'installation. Comment vous portez-vous tous ? Madame HENNEGUY n'est-elle pas trop fatiguée pour tout ce que comportent les départs et les arrivées ? Ici, tout va assez bien étant donné la crise intérieure dont on nous évite le plus possible les contrecoups. Je travaille un peu et ma santé ne laisse pas à désirer : très grand appétit à midi, quasi diète le soir, d'où assez bon sommeil.
Je vous embrasse tous de tout cœur et réclame des nouvelles.
Gabriel FAURÉ
Le Monsieur des " Essais sur la musique " il faut le tuer ! ... »

Ces extraits glanés dans les lettres de Gabriel FAURÉ témoignent de son attachement pour ses amis de Précy.

En souvenir d'une merveilleuse après-midi chez Monsieur et Madame Jean GUILLOT-HENNEGUY à Précy où nous avons longuement évoqué des souvenirs en présence du moulage en plâtre que fit FRÉMIET de son gendre, Gabriel FAURÉ.
ProudhonIls m'ont aimablement confié les lettres de Gabriel FAURÉ pour que je les étudie.
Je les remercie vivement pour cette contribution à l'Histoire de Précy. Qu'ils veuillent par cet article trouver toute ma gratitude.

Gabriel FAURÉ (1845-1924), musicien, était marié (1883) avec Marie FRÉMIET, une des filles du sculpteur Emmanuel FRÉMIET (1824-1910), auteur de la célèbre statue équestre de Jeanne d'Arc à Paris.
Emmanuel FRÉMIET était l'élève et le neveu de François RUDE, sculpteur (1784-1855) connu pour la Marseillaise de l'Arc de Triomphe à Paris
Le fils de Gabriel FAURÉ, du nom d'Emmanuel FAURÉ-FRÉMIET, était préparateur au Collège de France. Il était marié à Jeanne HENNEGUY de Précy. Il avait des talents de peintre et habitait 9, rue Thenard Paris V°.
Jeanne HENNEGUY était la fille de Félix HENNEGUY de Précy, qui était marié avec Catherine PROUDHON, fille du célèbre anarchiste, Pierre-Joseph PROUDHON (1809 – 1865), auteur de « La Philosophie de la misère » (1846) et de « Idée générale de la Révolution du XIXème siècle » (1851), adversaire de Karl MARX et promoteur du Fédéralisme politique et économique.
Le deuxième fils de Gabriel FAURÉ s'appelle Philippe. Il était à l'armée.

PAFE - L'orgue

LES GRANDES ORGUES DE PRÉCY


facture orgueLes archives paroissiales de Précy signalent qu'il y avait en 1839, dans le mobilier de l'église, que l'on conservait au presbytère, « un jeu d'orgues ».
Il s'agit probablement d'un instrument portable assez répandu dans les châteaux de la Renaissance et dans certaines églises à partir du XVIe siècle.
Le fait qu'il fut conservé au presbytère est sans doute dû à la grande humidité de l'église.
Les archives nous apprennent également qu'en 1826, la Fabrique de l'église, rétribuait de quatre sols, le musicien qui jouait du Serpent à l'église. De là à supposer qu'il n'y avait pas d'orgue est excessif puisque les mêmes archives affirment que le facteur d'orgue, Narcisse Martin, « S'engage à prendre en compte, si Monsieur Quartier le désire, l'Orgue Baroque en usage à Précy, moyennant huit cents francs ».
orgue de PrécyPar ailleurs, l'observation attentive de la tuyauterie de l'orgue actuel, fait croire que certains tuyaux, voire même certains jeux, n'auraient pas été fabriqués par Narcisse Martin. L'Orgue Baroque a donc peut-être servi à la construction du nouvel instrument. Plusieurs détails prêchent en faveur de cette hypothèse. Certains tuyaux comportent des dents, d'autres pas, d'autres encore sont coupés ou retravaillés... etc. Ce qui caractérise presque l'ensemble de la tuyauterie c'est que « la plupart des jeux sont coupés au ton. » (M. A.).
A la demande de Monsieur Charansonnet, maire de Précy, et du curé, l'Abbé Carlos Speybroeck, de la Commission d'Art Sacré, les orgues de Précy furent classées monument historique par décret du 15 février 1980, sur proposition d'André ISSOIR, responsable de la Commission des orgues historiques de Picardie. Le dossier de présentation a été établi par Marc Adamczewski, organiste de Précy, et Élisabeth Bertrand, organiste titulaire du grand orgue de l'église Saint-Etienne de Beauvais.
Le plus prestigieux musicien quia fait sonner les orgues de Précy est sans doute Gabriel Fauré.
Ce compositeur français, organiste à l'église de la Madeleine et Directeur du Conservatoire de Paris (1905-1920), venait régulièrement à Précy chez ses amis Henneguy de la rue Saint-Germer.
Le dimanche après les vêpres, Gabriel Fauré restait de temps en temps en l'église de Précy pour y jouer de l'orgue pour ses amis. Marie-Louise Pironnet, pianiste, " Tante Lou-Lou " pour les intimes, était de ceux-là. Elle était la tante de Madame Marcelle Collet et tenait l'orgue à la messe du Dimanche. Gabriel Fauré a écrit un morceau d'orgue pour elle.
clavier de l'orgueSurtout connu pour son Requiem (1887) qui évoque la paix de la mort et non la terreur qu'elle peut inspirer, il composa également de la musique de scène pour " Pelléas et Mélisande " de Maeterlinck et en tira une SUITE de concert dans laquelle il engloba la charmante " Sicilienne " op.78 pour violoncelle et le magnifique " Adagio " annonçant la mort de Mélisande.
Ses " Quatuors " et " Berceuses " pour violon et piano ainsi que le recueil de chansons sur des textes de Paul Verlaine parlent de ses remarquables talents musicaux.

Descriptif des jeux :  COMPOSITION

Grand-Orgue Récit    Pédalier
Bourdon 16 (Basses-Dessus) Flûte harmonique 8 Soubasse 16
Montre 8 Flûte octaviante Violoncelle 8
Salicional 8 Gambe 8
Bourdon 8 Voix célèste 8 I/II
Violoncelle 8 (Basses) Hautbois 8 Appel d'anches (Trompette, Plein jeu et Doublette)
 Prestant 4  Voix humaine 8  Pédale d'expression à cuillère
 Doublette  Cor anglais 8
 Nazard 2 2/3  Trémolo
 Plein Jeu III
 Trompette 8
 Euphorie 8  Transpositeur

 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Historique
tuyaux-Voix humaineL'orgue de l'église Saint-Pierre et Saint-Paul de Précy-sur-Oise a été construit par Narcisse Martin en 1861. L'instrument et la tribune qui le soutient furent offerts à la paroisse par l'Abbé Quertier, vicaire parisien qui possédait une demeure à Précy. L'orgue concertant, selon les termes de Narcisse Martin, est composé de 17 jeux répartis sur 2 claviers manuels et un pédalier de 18 notes. La console étant en fenêtre de côté, la transmission mécanique complexe est un peu bruyante et les claviers relativement durs, en particulier quand on les accouple. Mise à part l'installation d'un ventilateur électrique, l'orgue n'a subi aucune transformation depuis sa construction. Classé " orgue historique ", l'instrument a pu bénéficier d'une restauration en 1987, confiée à Jean-François Muno, facteur d'orgue à Esmoulins. La restauration a permis de redonner à l'orgue toute la clarté et la finesse de ses jeux. Le défi du facteur d'orgues consistait à remettre en ordre l'harmonie grâce à de fins réglages, tout en respectant la tuyauterie de Narcisse Martin (sans toucher à l'embouchage). La transparence de la sonorité, inattendue pour un orgue préromantique de 1861, est mise en valeur par l'acoustique de l'église. L'orgue de Précy-sur-Oise est apprécié chaque semaine dans l'accompagnement de la liturgie ainsi qu'à l'occasion de concerts que la Ville de Précy-sur-Oise organise chaque année pendant les Journées du Patrimoine. Cet orgue a fait l'objet d'un CD d'oeuvres à quatre mains paru en 1996, interprété par Marguerite et Marc Adamczewski. (réf. EMA9501 - 4 Diapasons). Il est référencé sur le site de la Guilde Européenne des Organistes.

PAFE - Maison de dentellière

La maison de la Dentellière

dentelle
Située au n°17 de la rue des Clignettes, elle compte avec les maisons de la place de l'Eglise, parmi les plus anciennes de Précy. Elle était autrefois habitation d'un vigneron dont la femme était dentellière renommée travaillant pour le compte de la célèbre maison Moreau de Chantilly.
« Marie-Madeleine Lascelle, dentellière travaillant à son domicile est née à Précy en juin 1793. elle épouse Francis Lebel, vigneron et vient habiter avec lui au 88 rue des Clignettes » (Archives Paroissiales de Précy).
maison dentellièreElle n'était pas la seule dentellière de Précy. Pendant le 19ème siècle, tous les villages autour de Chantilly comptaient des dentellières travaillant à domicile pour la maison Moreau de Chantilly qui, chaque semaine, faisait la collecte des travaux. Signalons entre autres : Geneviève Glorient, épouse de Jacques Vénèque, aubergiste et charron au 167, rue pavée ; actuellement PROXI chez Mme Martine Degraeve-, Honorine Rendut, épouse de Louis Bachevilliers, charpentier, au n° 47 rue des Clignettes ; Marie-Anne Banse, et Rose Mansion, raccommodeuse de dentelles.

La maison dite « de la dentellière » était couverte de chaume jusqu'au début du XXème siècle. Le mur de l'enclos de la vigne s'étendait jusqu'à la maison suivante qui communiquait à ce qui sera par la suite la première poste de Précy, au n°6 de l'actuelle rue du Château (Mlle Barbarin).
On y voit encore dans le couloir d'entrée, le guichet de l'ancienne Poste.
Grotte de la viergeDans la façade de la maison, on voit encore le bandeau de pierre resté intact ainsi que la petite porte d'entrée entourée de ses pierres d'époque avec une clef portant la date de la construction de la maison : 1760.
A remarquer également une poutre traversale au milieu de la façade. Elle indique l'entrée pour le chariot du vigneron. Les pierres qui ont bouché cette entrée sont différentes des autres.
Les murs latéraux ne sont pas d'époque.
On a percé des fenêtres modernes et fait des modifications malheureuses avec du ciment.
D'après les témoignages des anciens de la Commune, il y avait autrefois, avant la dernière guerre, sur le mur latéral donnant dans la cour de la salle Paroissiale (ancienne école Saint Joseph, pour les garçons) une grotte avec la statue de la vierge de Lourdes.
Pendant un temps, au début du XX ème siècle, cette maison était l'abri des pauvres et des déshérités. Elle devint plus tard entrepôt pour marchandises et matériels de l'entreprise Hallyg avant de redevenir maison d'habitation.

PAFE - Souvenirs du Clos

MES SOUVENIRS DU " CLOS "


Ferme de l'OutreleauLes anciens de Précy m'ont raconté que lorsque les Chantepie-Sturel habitaient "le Clos" ils avaient deux grands garçons qui allaient souvent se baigner dans l'Oise. Il y avait alors une petite plage sablonneuse aménagée au bord de la ferme d'Outreleau. Un jour, un des adolescents fit un plongeon du haut du pont de Précy. Il rata son coup, se blessa et fut conduit à l'hôpital où le chirurgien lui enleva en urgence un rein. Il constata par la suite que le jeune homme n'avait qu'un seul rein. Il mourut. La famille vendit alors la maison.
Madame Paul Cavalière et Monsieur Jean Lefèvre acquirent la maison pour en faire leur habitation principale tout en gardant leur appartement à Paris où Madame avait un magasin d'antiquités et où son compagnon, le comédien Jean Lefèvre, exerçait sa profession.
Academie royale LondresMadame Cavalière était une femme remarquable, un genre de George Sand en miniature. Elle se plaisait à flâner seule dans le parc. Son compagnon ne revenait que les fins de semaine à cause de sa profession à Paris. Elle appréciait cette forme de solitude. Le couple avait trois enfants : une fille et deux garçons. C'était des gens férus de littérature, de théâtre, de musique et d'antiquités.
La maison grouillait de meubles estampillés et de bibelots de valeur. Dans une des chambres au premier étage, il y avait des vieilles commodes superposées. Dans le coin contre le mur, il y avait une quantité de vieilles toiles entassées. Chaque année, pendant l'été, ils organisaient une réception au Clos et dans le grand salon ils offraient une pièce de théâtre et de la musique à leurs invités. Madame Cavalière me disait de continuer ainsi à sa façon le salon littéraire de Madame Pellegrin qui au XIXe siècle y avait réuni Sainte-Beuve, George Sand, de Musset et de Vigny.
Elle y invitait quelques amis, des notables du pays et des voisins. Je me souviens qu'une année son fils jouait du violon accompagné au piano par sa sœur aînée. Le dernier des garçons était à Londres où il suivait des cours de dessin et de peinture à l'Académie Royale. Il venait souvent à Précy chez ses parents.
ville de delftLorsqu'on tourna le film " Pattes de velours " au Clos, avec Arditi, Bernadette Lafont et Michel Bouquet, on y a volé une commode estampillée qui avait appartenu à Madame de Pompadour, maîtresse de Louis XV. On y déroba le même jour, une paire de flambeaux en argent massif et d'autres pièces d'argenterie ainsi que des bijoux de famille.
Madame Cavalière s'était, à un moment donné, amourachée de son palefrenier; un beau Brésilien qui s'occupait des chevaux de course et des quelques poneys qui broutaient dans le verger. On voyait de temps en temps Madame Cavalière se promener à cheval dans la commune et les environs. Elle avait belle allure avec son grand chapeau de paille paré d'un ruban bleu ciel. Elle était très poète et me racontait que la tradition veut qu'Alfred de Musset ait composé sa " Ballade à la lune " dans la chambre mansardée du Clos. Elle aimait les fleurs et avait fait restaurer la serre ce qui lui permettait d'inonder la propriété de toutes sortes de fleurs à chaque saison.
Avant de quitter Précy, elle m'a invité à déjeuner en tête à tête. Nous étions dans une petite pièce au fond du couloir au rez-de-chaussée, autour d'une petite table ronde soigneusement préparée avec une vaisselle de bleus de Delft, une argenterie armoriée, des roses et des chandelles. Elle voulait visiblement marquer cette dernière visite de son Curé. En effet ce jour-là, elle me confiait d'une voix mélancolique et parfois avec les larmes aux yeux, un certain nombre de ses souvenirs d'une vie bien remplie. Elle savait prendre de la hauteur, se lancer dans des considérations religieuses et philosophiques, parfois empreintes de nostalgie ou raisonner très froidement. C'était une grande dame !
le closQuand les Pastor ont acquis la maison du Clos, ils venaient de vendre leur maison d'Ermenonville où ils étaient restés très peu de temps à cause du bruit. Auparavant ils habitaient Montmartre à Paris où, jeune couple, ils essayaient de vivre de la peinture. Artiste peintre dans le genre Art Déco, n'ayant pas de succès, Monsieur Pastor s'est mis à travailler dans l'imprimerie d'art. Finalement patron d'une entreprise d'imprimerie d'art il a sympathisé avec beaucoup d'artistes peintres, graveurs, poètes et autres, et a eu l'occasion de connaître le succès et faire fortune.
Petitement logés à Paris, ils sont tombés amoureux de la demeure historique du Clos. " Nous étions comme ensorcelés, me disait-il, quand à notre première rencontre avec Madame Cavalière, nous apprenions l'histoire de cette maison. " Ils se sont installés au Clos dans l'intention d'y finir leurs jours. Ils ont entrepris beaucoup de travaux , restauré en particulier les boiseries à singeries du salon, rétabli la petite tour derrière la maison, restauré la fontaine du jardin, débouché des souterrains et embelli le parc devant la maison et autour de la fontaine d'un statuaire à la manière de Maillol que Monsieur Pastor avait lui-même sculpté prenant son épouse comme modèle. La maison regorgeait d'œuvres d'art. Il avait fabriqué des girouettes à la tête de Licorne, qu'il a fait placer à différents endroits sur les toitures de la maison. Même toutes les poignées des portes étaient des bronzes coulés puis ciselés par sa main.
Cheval de bronzeElles représentaient des corps de femmes nues, de jeunes garçons et des chats étirés. Il m'a fait plusieurs fois l'honneur d'assister à son travail en particulier lorsqu'il a copié le Cheval de Léonard de Vinci : un bronze qu'il affectionnait particulièrement. Il maniait le burin avec dextérité et regrettait que cette technique qui se perd ne s'enseigne pratiquement plus dans les académies, d'où la rareté la cherté des beaux bronzes.
Il travaillait également la terre glaise. Son atelier avec mezzanine à côté des boxes des chevaux, était une espèce de Caverne d'Ali Baba où se trouvaient d'innombrables épreuves de terre glaise enveloppées de linges mouillés, de plâtres entassés, cassés ou entiers, d'ébauches de futurs bronzes etc.. J'ai assisté à la création d'une terre cuite lorsqu'il fit une série de petites figurines représentant sa femme, nue, habillée ou drapée à la grecque, en toutes sortes de poses. Plus tard ces terres cuites trônaient dans le salon.
Jean CocteauMadame Pastor, ancienne institutrice, très écolo, vivait dans l'ombre et l'admiration de son mari. Elle aimait le parc et le jardin où elle passait des journées entières. Elle était persuadée que son potager était celui de l'ancien monastère Saint-Martin, disparu aux invasions normandes.
Le soir le couple se prélassait dans la pièce du haut dans le bâtiment Henri IV qu'ils avaient aménagé avec leurs rayons de bibliothèque où il y avait des volumes d'ouvrages d'art à profusion. Dans cette pièce chaleureuse et romantique, entourés de leurs souvenirs, ils lisaient, écoutaient de la musique ou faisaient du " farniente ". C'était des gens simples. Avide d'histoire, d'art et de belles Lettres, Monsieur Pastor avait par sa profession beaucoup de relations dans le monde des artistes. Il avait quelques dessins originaux que Cocteau lui avait offerts. J'ai rencontré chez eux Jean Marais, le compagnon de Cocteau, qu'ils avaient un jour invité avec d'autres amis potiers. Monsieur Pastor avait plusieurs poteries et plats faits par Jean Marais. Je me suis entretenu avec Jean Marais au sujet des dessins de Cocteau en particulier les deux dessins offerts au couple Pastor et qui ornaient les murs de leur salle de séjour. Jean Marais m'a interrogé à propos de la position de l'Église sur l'homosexualité. Il semblait tout à la fois étonné et satisfait des réponses que j'ai pu lui fournir.
Quand Monsieur et Madame Pastor ont vendu le Clos, ils sont partis à Uzès où ils ont acquis une maison du XVI° siècle, classée monument historique, au milieu de la ville. Cette fois-ci ils ont choisi " petit et sans trop de parc et jardins à entretenir. " Quand les nouveaux propriétaires, les Chambord, ont acquis la demeure historique, un vent nouveau a soufflé sur le domaine. C'était une période de feu d'artifice, de feu et de flammes, de feu de Bengale...
Jean MaraisMonsieur Chambord venait de refaire sa vie après un divorce pénible et voulait sans doute éblouir sa nouvelle conquête, belle comme une Vénus, elle-même également divorcée avec enfants. C'était une femme de goût, comblée de cadeaux plus somptueux les uns que les autres. Elle portait des bijoux exceptionnels de Bouchardon, Van Cleef et Melerio. Ses toilettes étaient griffées haute couture et ses manteaux de fourrure, vison, loutre et zibeline étaient d'une rare qualité et d'une coupe raffinée. Aux dires de son mari qui l'embrassait continuellement en présence des invités, elle méritait tout cela car elle était une travailleuse professionnelle acharnée et de bon conseil dans son magasin Leclerc. Conseillère municipale de Précy, elle a marqué son passage par son zèle auprès des personnes âgées ou isolées et par sa générosité pour les œuvres paroissiales. Quand on a apposé ou plutôt remis une plaque commémorative de demeure historique sur la façade du Clos, les Chambord ont organisé une belle réception dans le parc où se sont réunis le maire et ses conseillers, le curé, le notaire et quelques amis et voisins. On y a évoqué le souvenir de Sainte-Beuve, George Sand et de Musset. On y a déclamé la " Ballade à la lune " de Musset et le poème de Sainte-Beuve à Mademoiselle Pellegrin. Un buffet froid au champagne et aux jus de fruits a suivi les discours.
plaque le closLe départ des Chambord était dû à la fin du feu de Bengale. Une nouvelle maîtresse, jeune tigresse jalouse, a arraché l'amant à son ancienne compagne. C'était un vrai cauchemar qui a fait beaucoup de bruit. Rien ne lui a été épargné: coups et blessures, intervention de la gendarmerie, changement de serrures, effraction pour récupérer ses bijoux et ses fourrures, tentative d'étranglement et fuite en voiture...
Quand passe le démon de midi il n'y a souvent qu'un pas du trône à l'échafaud!

Complément ultérieur :
Après le départ des Chambord, le Clos fut vendu à M et Mme Hartmut Kiock. Lui est allemand, natif de Dusseldorf, orphelin de père à l’age de un an, puis orphelin de mère à 10 ans. Elevé par son oncle prêtre, official de l’évêché de Esse, il entre comme religieux dans un monastère. L’expérience fut négative. Par la suite, il se maria avec une protestante dont il divorça peu de temps après. Il travaille pour une société bancaire internationale et partage son temps entre la Chine, les USA, l’Allemagne et la France.
Elle est française, beaucoup plus jeune que lui. Catholique de famille très pratiquante. Elle a une tante religieuse.
Elle travaille comme responsable de « public relations » entre Paris, New-York et Londres.
Ils sont mariés civilement et n’ont pas d’enfant mais en voudraient bien.
Ils ont fait très peu de travaux dans la maison. Dans le parc, il y a quatre chevreuils en liberté. Ils s’y sont introduit depuis une brèche dans le mur extérieur de la propriété.
Cette année (2007), la maison vient d’être revendue à un avocat parisien, Henry Page.