PAFE - La belle endormie

La Belle Endormie

Aquarelle, la luneAs-tu vu, toi aussi,
La lune arrondie
Comme un point sur un i
Sur le clocher de Précy ?

As-tu vu, toi aussi,
L'effraie quittant son nid
Pour s'envoler dans la nuit,
Piquer jusqu'au sol
Et repartir vers ses petits ?

As-tu vu le soleil levant
Caressant d'or et d'argent
L'église et le château par devant,
Inondant de ses feux
Ce site silencieux ?

As-tu vu l'envol des pigeons
Collés sur le clocher,
Partant comme des fusées
Dans le ciel d'azur illuminé ?

Et puis, ces chats, les as-tu vus
Rôdant à tous les coins de rues
Inspectant les poubelles
Avant d'être privés d'elles ?

L'as-tu vu ce coin magique
Où le cœur de Précy illuminé
Fait surgir d'un ton mélancolique
Son passé si riche et romantique
Pendant que la cloche sonne minuit ?

 

PAFE - Les grandes familles

LES GRANDES FAMILLES DE PRÉCY

 Prosper Mérimée

  • L'actuelle place de Verdun s'appelait autrefois « Place du Duc de Montmorency », parce que c'est là, en lieu et place de la Prévôté (Palais de justice) que le Duc prononçait les sentences de justice. C'est là également qu'il y avait la halle aux grains.
  • Robert Louis StevensonLe nom de Louis de Lansac, fils naturel du roi François Ier et seigneur de Précy, mériterait lui aussi de sortir de l'oubli car c'est lui qui fit construire le château, manoir du 16ème siècle, sur les ruines du Castel médiéval démantelé. L'Église incendiée par les anglais durant la guerre de Cent ans lui doit la reconstruction de sa nef centrale et de ses bas côtés.
  • Comment ne pas évoquer le poète Alfred de Musset qui rencontra George Sand chez madame Pèlegrin où le critique littéraire Sainte Beuve a écrit les trois quarts de son « Port Royal » et ses « Contes du Lundi ». Prosper Mérimée, écrivain et inspecteur général des monuments historiques y est venu avec le célèbre architecte Viollet le Duc (1865) à qui nous devons la restauration de l'église dévastée à la Révolution, ainsi que l’actuel Château Vénèque (clinique des Lierres). Le duc et la duchesse de Montmorency-Luxembourg étaient parrain et marraine du frère de Viollet le Duc. Tout ce petit monde de célébrités a séjourné, vécu et marqué la vie de notre cité. La tradition locale veut que le poète Alfred de Musset a vu la « lune comme un point sur un i » sur le clocher de Précy. Sa « ballade à la lune » l'évoque poétiquement
  • L'été 1876, Stevenson, l'écrivain voyageur vagabond et romanesque, s'arrêta quelques jours à Précy. Il nous a laissé ses souvenirs pittoresques dans son livre intitulé « Canaux et rivières ».
  • Viollet Le DucLes historiens estiment aujourd'hui que l'entrée monumentale de la ferme de Montmorency, qui se trouvait à l'endroit de l'école actuelle et que l’on voit sur les anciennes cartes postales du siècle dernier, n'aurait jamais du être rasée.

Aujourd'hui, le vent a tourné en faveur du respect, de la restauration et de la conservation du patrimoine local. Le colombier du château, transformé en agréable habitation qui se trouve en face de l'école, témoigne lui aussi de cette vie d’autrefois. Souhaitons que les jeunes générations sachent reprendre le relais pour conserver, restaurer et embellir le patrimoine de Précy.

Chateau Tour du MoulinPS : Jean Nicolas Viollet le Duc épouse en 1768 Adélaide Boyaval. Huit membres de la famille des Montmorency-Luxembourg signent l'acte de mariage. Au baptême de leur premier fils Sigismond (1769), les parrain et marraine sont : le Duc et la Duchesse Anne Paul Emmanuel Sigismond de Montmorency-Luxembourg.
En 1810, Emmanuel Viollet le Duc, second fils de Jean-Nicolas, épouse Eugénie Delécluze. Elle apporte en dot un immeuble situé 1 rue Chabanais à Paris où elle tint salon. C'est là que le jeune Eugène Viollet le Duc rencontrera Sainte Beuve, Stendhal, Ampère... Il n'est peut être pas étranger, semble t-il, aux plans ou à la construction du château du Moulin de la Tour.

 

PAFE - Un pavé dans la mare

Un pavé dans la mare...

Philippe-Auguste
Le pavé, prétendument inventé par les Carthaginois semble avoir débarqué en France à la fin du douzième siècle.
On raconte qu'un beau matin de 1184, le roi de France, Philippe-Auguste, incommodé par l'odeur pestilentielle qui montait jusqu'aux fenêtres de son palais de la Cité, convoqua sur le champ le prévôt de Paris et lui donna ordre de débarrasser les rues de cette boue nauséabonde.
L'historiographe du roi raconte que l'on eut recours à des pierres " dures et fortes ". Le grès, plus facile à tailler, ne devait apparaître que plus tard, comme son homologue en granit. Depuis ce jour-là, un peu partout fleurissant, au fil du temps sa famille grandissant, le pavé se nomme : " Mosaïque " (8 x 10 cm), " Échantillon " (14 x 10 cm), P.P.C. " Passage de porte cochère " (16 x 16 cm), " Roi ou Napoléon " (20 x 30 cm), ou tout simplement de " Bois " puisque certaines rues étaient pavées de carrés de bois.
Les pavés du nordLe " petit pavé " avec sa gamme de couleurs : bleu, gris, blanc, rouge et vert donnait au pied des édifices une note de poésie à la manière des vieilles toitures en tuiles aux tons variés. La tradition poétique pourtant séculaire devait se ternir avec les révolutions.
Victor Hugo écrivit un jour que le pavé est " la dernière raison des peuples ".
Le pavé est de toutes les révolutions : celle de 1789, celles de 1848 et de 1871, sans oublier les barricades de Mai 1968. Porteur de l'enthousiasme de beaucoup de générations, le pavé subversif, fut alors remplacé par le macadam. Il n'y a guère que le tour cycliste annuel du Paris-Roubaix qui assure encore les titres de noblesse du pavé. L'expérience devait démontrer que l'hiver, le goudron gelé accroche à la pierre et que l'été, il fond, tache et s'incruste dans le granit.
Aujourd'hui, voyant les inconvénients et la laideur du macadam, la rue se pave de bonnes intentions. La mode est aux rues piétonnières et la politique de rénovation des centres ville exige d'incontournables obligations.
Pavage St MichelMichel BRODOVITCH, architecte des bâtiments de France et conseiller technique sur les quartiers anciens au ministère de l'environnement s'inquiète de la disparition de certaines surfaces pavées qui donnaient un cachet incomparable aux monuments historiques et aux sites classés.
Il déclare : " pour les tuiles et les ardoises, on tâche de préserver l'identité d'un lieu, ce qui n'est pas le cas pour les pavés. Il faut y remédier ".
Veiller sur un site protégé, comme celui de Précy, suppose une vigilance de chaque instant aussi bien sur le plan de la conservation et de la restauration que sur celui de l'environnement et de l'aménagement. Il y va de la qualité de la vie et du respect d'un patrimoine que nous avons à transmettre aux générations futures.
Place de l'EtoileLe pavé usagé redevenu à la mode est l'objet d'un obscur désir...
Inusable et réutilisable, patiné par le temps, poli par l'histoire, on le préfère largement à son homologue flamblant neuf, lisse et coupé, apparu dans les années 70. Ce pavé " béton ", surnommé " Canada Dry " est certes moins cher, mais résiste mal à l'usure et souffre d'une fâcheuse tendance à se délaver. Huons-le et bannissons-le de nos cités ! De même pour les bordures de trottoirs, où les grès ont souvent été remplacés par d'innombrables agglomérés prétendus plus solides mais qui s'effritent et sont surtout laids et uniformes.
Aujourd'hui, on redécouvre la poésie et la solidité du pavé non pas noyé dans le ciment, mais scellé et posé sur du sable dans un alignement sans vide.
Les aménagements et décorations s'inspirent des classiques d'autrefois ; le plus célèbre reste l'étoile aux pointes dirigées vers les grandes avenues sous le regard reconnaissant de l'Arc de Triomphe à Paris.
A beaucoup d'endroits, on voit la pose perpendiculaire en croix de chevalier. Elle est surtout utilisée aux carrefours pour donner une idée de continuité.
Pavage en queue de paonIl y a aussi la fameuse queue de paon où les pavés sont placés en éventail épanoui du bas de la chaussée vers le haut. D'autres créations modernes ou les grès et les pavés de différents tons se mélangent pour former des mosaïques de fleurs ou d'arabesques, sont les compagnons de rêve pour une vieille rue, une église, un château, un beffroi, une vieille demeure.
Les grès et les pavés flirtent de nouveau avec leur environnement comme des amoureux repentis, trop longtemps délaissés, prêts à se faire pardonner.
 
Notes :
Mosaïque : Encore nommé " petit pavé ". Il doit son nom à sa variété de couleurs, gris, blanc, rouge, bleuâtre et verdâtre. Sa petite dimension, 8 à 10 cm de côté, en fit son succès. En 1968 il couvrait encore 40 % de la chaussée Parisienne.
Échantillon : 14 x 10 cm. Les professionnels le surnomment " le 14 ". Il dispose également d'une gamme de couleurs assez étendue. Aujourd'hui on le scie souvent en deux et on dispose la partie plus plane vers le ciel. Une façon de joindre l'économique au confortable tout en ménageant l'aspect rustique.
P.P.C.: Nom de code pour " passage de porte cochère ". En clair, il compose sur les trottoirs ce que nous appelons " bateaux ". Il est disposé en croisillon. Il mesure 16 x 16 cm et est en voie de disparition.
Cour du Cheval blancLe Roi : Passé à la moulinette de la révolution, il s'appelle Napoléon. Sa grande taille, 20 x 30 cm, fait aujourd'hui sa rareté mais c'est celui que les connaisseurs préfèrent.
Bois : De 1865 à 1938, ce pavé séduisit autant le nouveau monde que le vieux continent. En France, il fit ses premiers pas rue Madame à Paris. Il avait l'avantage d'être peu bruyant mais la mauvaise odeur qu'il dégageait a signifié son abandon progressif depuis 1914.
Béton : Ce pavé surnommé le "Canada Dry" apparu vers 1970 est le moins cher, et résiste mal à l'usure et souffre d'une fâcheuse tendance à se délaver.

PAFE - A la claire fontaine

A LA CLAIRE FONTAINE


La fontaineQui d'entre nous n'a pas chanté, fredonné ou entendu chanter : " A la claire fontaine... j'ai trouvé l'eau si belle... " ? Eh oui !
C'est tellement poétique une fontaine qu'on s'y attarde volontiers en rêvant, en écoutant murmurer l'eau. C'est tellement évocateur que c'est un bonheur d'avoir ce trésor dans le village. Tout le monde ne l'apprécie pas pour autant surtout ceux qui ont le sommeil léger. Elle fait la joie des enfants tout joyeux d'y faire voguer leurs petits bateaux. L'autre jour, l'un d'eux y avait oublié son joli canard multicolore en plastique. Parfois des couples d'amoureux ou des romantiques y posent pour une photo souvenir d' " Il y a longtemps que je t'aime... ". Il y a aussi plus étonnant. L'autre soir en rentrant tard chez moi, j'ai vu deux jeunes hommes que je connais bien qui s'amusaient, nus comme un ver, dans la fontaine débordante de mousse blanche. J'ai appris le lendemain que le système d'éclairage de la fontaine avait disparu. Oserait-on dire " volé " ? C'est sans doute pour qu'on ne les aperçoive plus dans la lumière des spots ?
place de VerdunDans certaines situations, l'obscurité est évidemment préférable. J'ai vu aussi un vieux monsieur faire trempette et y laver ses pieds. J'en vois parfois qui boivent l'eau de la fontaine alors qu'un panneau signale que c'est de l'eau non potable. Peut-être ne savent-ils pas lire ? Il faut reconnaître qu'il y a de nos jours beaucoup d'illettrés et d'analphabètes. L'autre jour, c'est le coiffeur d'en face qui est accouru en criant à un randonneur qui se désaltérait à la fontaine : " Monsieur ! Monsieur ! c'est de l'eau non potable ! " L'intéressé a craché l'eau qu'il avait dans la bouche, a aussitôt enlevé sa chemise et s'est fait un brin de toilette en plongeant d'abord son abondante tignasse dans le bassin.
Pendant les grandes chaleurs de l'été, les oiseaux font des prouesses de voltige pour recueillir quelques gouttes du jet d'eau qui jaillit de la bouche des Bacchus qui ornent la fontaine. J'ai surpris une grosse dame qui baignait son chien dans le bassin. Elle avait les yeux revolver quand nos regards se sont croisés.
Bassin de BacchusSans doute était elle furieuse que j'aie découvert son audace ?
J'ai aperçu également un adolescent qui lavait sa moto boueuse avec l'eau de la fontaine. Un soir, des plaisantins ont vidé des poubelles de la place dans le bassin. Un autre soir, c'était un homme qui urinait abondamment dans la fontaine en exhibant ostensiblement ses bijoux de famille. C'est peut-être à cause de tout cela que l'on met périodiquement de la poudre de lessive dans la fontaine ? Les méchantes langues, - il en existe encore - prétendent que c'est pour que le personnel municipal ne reste pas à ne rien faire par moment ; qui oserait dire que c'est l'œuvre de délinquants ? Surtout pas ! On risquerait d'être qualifié d'intolérant.
Conclusion : " Tout cela était à prévoir " disent les anciens. Il faut se taire et payer ses impôts pour que la fontaine continue de nous charmer, de nous déranger ou de nous étonner.