PAFE - Les vitraux

Les Vitraux de l'église


La rosace aux 11 lobesLe vitrail est un art en perpétuel mouvement grâce à la lumière dont la moindre variation fait vibrer et se transformer la transparence ou la translucidité du verre et de sa couleur selon l'heure du jour, la saison ou les conditions atmosphériques. Couleur traversée et exaltée par la lumière, le vitrail transfigure et « dirige l'âme par les moyens matériels vers ce qui est immatériel » (Suger).
St Charles BorroméePersonne ne peut nous dire aujourd'hui quelle était la qualité, la splendeur, l'originalité ou la nullité des verrières du XIIIème et XVIème siècles détruites lors du vandalisme de la guerre de Cent Ans (XVe siècle) ou de la Révolution (1792).
Si l'équivalence couramment admise entre ancienneté et beauté est plus que douteuse et même une erreur, toujours est-il que les précéens ont au cours des siècles été fiers des vitraux de leur église.
Les verrières détruites à la Révolution furent remplacées au cours du XIXème siècle par une série de verrières ; imitations sans âme des vitraux du XIIIème ou verrières romantiques, assez banales à en juger par les éléments qui nous en restent. A part quelques exceptions, comme la rosace et le vitrail de Saint Louis, ce sont surtout des séries uniformes d'une fabrique de verres qui sortent des mains d'un marchand « peintre-verrier » plutôt que des vitraux d'un atelier d'art, sortis des mains d'un « maître- verrier ».
En 1873, le curé fait percer deux fenêtres dans le bas-côté droit de l'église. Monsieur Anchois fait don d'une verrière représentant Saint Nicolas et Sainte Adelaide. Le curé fait mettre une autre verrière représentant Saint Charles Borromée, dans l'autre fenêtre. En janvier 1874, une paroissienne, Madame Lensauffier, fait don d'une verrière représentant Sainte Félicité, martyre, placée dans une des fenêtres du bas-côté de l'église.
« Le conseil est d'avis que des verrières de couleur seraient remplacées dans les autres fenêtres au fur et à mesure que les ressources le permettront » (1874) (1). La grande rosace retrouva cette année-là son Christ enseignant, représenté en pantocrator comme il l'était autrefois.
Georges RouaultToutes ces verrières furent soufflées lors du bombardement de Saint Leu et Précy à la dernière guerre, le 5 août 1944, seule la rosace déposée pour l'essentiel par les soins de Monsieur Lucien Gérardot (2) qui paya également sa restauration, fut sauvée du désastre en même temps que le vitrail de Saint Louis et quelques panneaux d'autres vitraux sans caractère. Une photo-gravure ancienne montre les verres-cathédrales et la rosace bouchée par des lattes de bois. Seul un lobe de la rosace reste visible.
Henri MatisseLa présence des verres antiques du XIIIème et XVIème siècles dans l'actuelle rosace restaurée, permettent de penser que la rosace du XIIIème, démolie par les anglais lors de la guerre de Cent Ans (XVème siècle), fut remplacée au XVIème siècle par une autre verrière tout en gardant le thème du Christ enseignant et que par la suite on a opéré de la même manière après la Révolution et après les bombardements de 1944, toujours en gardant le maximum de verres antiques retrouvés dans les décombres du vandalisme ou du bombardement. Du pastiche en somme.
Il fallut attendre les dommages de guerre et le renouveau de l'art pour que la commune puisse panser les plaies béantes de son église. Le renouveau de l'art du vitrail est en réalité une véritable révolution. Elle fut l'œuvre de grands artistes comme Chagall, Matisse, Rouault, Villon, Le Corbusier, Manessier... et tant d'autres moins connus mais qui ont chacun à sa manière contribué à la régénération de l'art du vitrail. Leurs noms sont Gigon, Gilbert, Guérin, les Guevel, Le Moal, Simon, Ubac, etc...
Gustave MoreauCelui qui nous intéresse est Bernard GILBERT. Sa vie fut marquée par le génie libérateur du peintre Rouault (1871-1958). Ce dernier venait de mourir en 1958. Il avait fait son apprentissage chez un maître-verrier. Son oeuvre devait s'en ressentir. Gustave Moreau avait été son professeur à l'Ecole des Beaux-arts où il connut Matisse et Marquet avec lesquels il exposa dans « La cage aux Fauves » en 1905. Mais il est avant tout un EXPRESSIONNISTE, un des plus grands peintres religieux de son temps.
Il a peint avec une violence vengeresse ou pitoyable. Une grande part de son oeuvre illustre les Evangiles. Coloriste remarquable, doué d'une profonde sensibilité, il a su exprimer une poésie tragique et prenante. Il a fait l'admiration d'un groupe de maîtres- verriers de l'après-guerre. Les vitraux de Rouault en l'église du plateau d'Assy sont les plus célèbres.
Lorsque le maire-adjoint de Précy, Monsieur Charles Minost, cherchait un maître-verrier pour remplacer le verre-cathédrale qui bouchait « provisoirement » les fenêtres de l'église jusqu'en 1958, des amis lui présentaient Bernard GILBERT, maître-verrier parisien qui travaillait dans le sillon et l'esprit de Georges Rouault. Pour ce dernier, la transcription en vitrail d'une oeuvre picturale nécessite tout un travail de gravure à l'acide, de grisailles colorées, toute une cuisine de peinture avec deux ou trois mises en plomb provisoires. La technique importe peu à ses yeux. C'est surtout une autre conception de l'art qui compte.

vitrail rouault1vitrail rouault2L'exigence première est le souffle créateur qui permet de trouver une présence, une ambiance, de provoquer un choc artistique, une émotion, de traduire une finesse, une sensibilité qui font vibrer intérieurement.
Bernard GILBERT avait profondément communié à cette conception de l'art du vitrail. C'était un homme tragiquement éprouvé par la sclérose en plaques de son épouse qu'il emmenait avec lui pendant qu'il plaçait les verrières dans l'église. Sa vie le prédisposait à comprendre la tragédie de la guerre avec ses répercutions sur les hommes et les choses. Le maire de Précy qui appréciait le peintre Rouault, fut conquis par les cartons et propositions de maître GILBERT qui l'emporta ainsi sur les d'autres maîtres-verriers (3). Le marché fut conclu en 1957 pour un essai d'arabesques dans le bas-côté droit de l'église (1958). Le maire trouva que l'ensemble ne chantait pas assez. Comment pouvait-il en être autrement pour le maître-verrier qui vivait tragiquement la morte lente de son épouse ?
Et puis le montant des dommages de guerre ne permettait pas de faire des « créations » selon l'inspiration du maître-verrier. C'est alors que le maire prit la décision de mettre le gros paquet sur les cinq verrières principales du chevet (1959). Un don anonyme lui permettait de le faire.
C'est à sa décision courageuse, pourtant critiquée par son conseil, que nous pouvons maintenant nous glorifier de posséder des vitraux Expressionnistes qui chantent dans le choeur de l'église. Au centre, nous voyons le Christ crucifié entouré de Marie et de Jean au pied de la croix. A droite et à gauche, nous trouvons dans les vitraux les apôtres Pierre et Paul, patrons de l'église. Saint Pierre est représenté avec sa clef et Saint Paul avec son glaive. Dans la chapelle de la Vierge, figurent la Vierge et l'Enfant.
vitrail du Christvitrail viergeCes verrières font l'admiration des connaisseurs qui retrouvent facilement le souffle des expressionnistes et en particulier l'inspiration de Rouault. Les non-initiés sont généralement émerveillés par les clairs-obscurs et les couleurs vives.
En 1987, le Conseil municipal a fait restaurer la grande verrière au-dessus du grand portail ainsi que l'ancien vitrail de la Chapelle de la Vierge qui avait été déposé en 1959 « par souci d'ensemble », a-t-on dit et qu'on a retrouvé en morceaux. Le maître-verrier Michel Guével les a ingénieusement complétés pour former une verrière, imitation XIIIème siècle, dans la chapelle des fonts baptismaux. La même année, le vitrail de Saint Louis, qui figure au-dessus de la porte de la sacristie et qui est inscrit depuis le 03 novembre 1984 aux objets mobiliers classés, a également été restauré. Ce vitrail tout en nuances et en finesse est l'œuvre d'un maître-verrier du XIXème siècle : J. G Roussel de Beauvais. Le haut du vitrail disparut lors du bombardement de 1944, emportant du même coup la tête du Saint roi de France. La restauration de ce vitrail faite par maître Claude Courageux de Beauvais donne à l'imberbe Saint Louis, mort à 56 ans, une tête de vieillard barbu...
vitrail st paulvitrail st pierreLa commune a confié la restauration ingrate des vitraux (XIXème siècle) du haut de la nef centrale au maître-verrier Michel Guével. Ainsi, chaque génération apporte sa contribution pour l'entretien (4), la restauration ou l'enrichissement du patrimoine artistique de Précy.

(1) Sources.-
1. Archives Paroissiales de Précy
2 Archives communales de Precy,
3. Propos recueillis par moi même auprès de Monsieur Charles Minost, ancien maire, et auprès d'autres anciens de Précy : Mesdames Danielle Gérardot — Noblecourt et Roland Cornette.

(2) Les peintres-verriers de Précy, chargés de l'entretien courant des vitraux de l’église sont : Louis-Stanislas Gérin pour le XIXème siècle et Clément Noblecourt pour le XXème, siècle. Clement Noblecourt a reposé les vitraux de la rosace, qu'on avait  déposés au moment de la guerre et mis en sécurité dans les caves  du  chateau Vénèque.

(3) Le devis de maitre GILBERT prévoit pour les cinq fenetres du Choeur; totalisant une surface d’environ 16,37 m2, une somme de 736.650 F soit 45.000 F/m2 pour du verre antique de couleurs soutenues, à morcellement semi régulier, coupé suivant un module permettant pratiquement toutes les combinaisons possibles, sous plomb de 8 mm au moins, avec grisaille grand feu. Les douze baies totalisant une surface d'environ 51,66 m2 pour un prix forfaitaire global de 1.808.100 F, ce qui signifie 35.000 F le m2. Les fenetres totalisant une surface de 5,80 m2 à 19.570 F le m2 soit 113.406 F. Les restaurations des fenetres hautes 100.937,00 F
Total du devis : 2.759.100 F au 5 décembre 1957.

(4) les devis établis au nom de Monsieur Coeurderoy, maire, peuvent induire en erreur. De fait, Monsieur Minost, maire-adjoint qui fut chargé du dossier « Vitraux de l'église » et c’est lui qui en tant que maire (1959) a mené les travaux à leur aboutissement.

PAFE - Reliques

RELIQUES ET RELIQUAIRES DE PRÉCY


Constantin et Ste HélèneDans son histoire de la première Croisade, Pierre de Nogent raconte comment Philippe de Précy s'était croisé sous Roger II, évêque de Beauvais (1095) qui s'enrôla avec un grand nombre de chevaliers tels que Renard de Beauvais, Dreux de Mouchy, Clérambaud de Vendeuil, Mathieu de Clermont, Walon de Chaumont, etc...
A son retour des croisades, Philippe de Précy rapporta plusieurs reliques parmi lesquelles un morceau de la Croix du Christ.
Christ en croixOn sait qu'en 326, Sainte Hélène, mère de l'Empereur Constantin, avait découvert les reliques de la Passion du Christ. A partir de ce moment-là, un certain nombre de grands seigneurs, venus en pèlerins à Jérusalem, rapportèrent une relique en souvenir. Le fait n'était pas rare. Les reliques étaient à la mode.
Ce fut le cas de Lancelin de Dammartin, Seigneur de Villers, qui en 1060 revint de pèlerinage à Jérusalem avec un carreau provenant du Saint Sépulcre. Depuis ce temps-là, Villers fut baptisé : « Villers Saint Sépulcre ».
On peut aisément deviner avec quel enthousiasme Philippe de Précy fut accueilli à son retour de Terre Sainte. On était friand de reliques sans se poser de questions au sujet de leur authenticité.
Alors que certaines reliques sont restées longtemps en la chapelle du château, celle de la Sainte Croix a toujours été vénérée en l'église et ceci dès le XIIIe siècle selon le chroniqueur.
C'est sans doute à la présence de cette relique que l'Eglise doit son titre de Collégiale puisque « la chapelle du grand autel était de Sainte Croix ».
Au XVIle siècle, la Duchesse de Montmorency-Luxembourg, châtelaine de Précy, offrit les reliques du château à l'église paroissiale. Le Cardinal Forbin Janson, évêque de Beauvais, les a « reconnues » — « sur témoignage des seigneurs de Précy et selon la tradition séculaire locale » (4 mai 1694).
Ceci ne donne pas pour autant la certitude absolue de l'authenticité de ces reliques. « Reconnaître » ne signifie pas « authentifier » et une certitude morale n'est jamais une certitude absolue.
Les archives paroissiales précisent que ces reliques étaient enfermées dans « deux boîtes en bois précieux, elles-mêmes encastrées dans des châsses d'argent doré, ornées de gemmes et d'émaux où figuraient les armoiries de Précy. »
A la Révolution Française de 1789, « ces souvenirs de la noblesse » furent jetés dans le feu de joie qu'on avait allumé dans le cimetière autour de l'Eglise. On y avait également brûlé les stalles et boiseries sur lesquelles étaient sculptées les armoiries des seigneurs de Précy.
Reliquaire en bronze doréLe chroniqueur ne dit pas que les châsses furent vendues mais cela semble évident.
« A la tombée de la nuit, le maître d'école alla voir le brasier et s'aperçut que les reliques n'avaient pas été touchées par le feu. Il les arracha au brasier et les garda chez lui jusqu'au retour du curé qui était retenu prisonnier au château de Chantilly. »
Le cardinal MorlotUn de ses successeurs, l'Abbé Robert, « aimant le beau », fit faire les reliquaires actuels (1830). Ils sont de style néo-gothique et faits en cuivre doré.
La relique de la Sainte Croix par contre a toujours été l'objet d'une vénération particulière et semble n'avoir jamais été inclue dans l'une des deux châsses précieuses contenant des fragments d'ossements des Saints Martyrs Vital, Clair, Evagre, Arator et Vincence.
La relique de la Sainte Croix est minuscule et fut encastrée dans un petit reliquaire en vermeil poinçonné à la tête de sanglier. Une couronne d'épines en argent est sa seule ornementation. Elle rappelle la couronne d'épines qui entoure l'écu de Philippe de Précy, chevalier, sénéchal et gouverneur des frontières de Flandre, dont le sceau, apposé sur une quittance datée de 1317, est conservé aux Archives nationales. Pierre Gambier l'a reproduit dans son livret « Précy en Isle de France » (1953), page 35. Les seigneurs de Précy devaient être attachés à cet emblême de la Passion. Deux de leurs ancêtres s'étaient croisés : l'un à la première et l'autre à la sixième croisade.
A l'intérieur du couvercle en vermeil figure un Christ en croix avec à ses pieds Marie Madeleine à genoux.
Le 30 août 1861, le Cardinal François Nicolas Morlot, archevêque de Paris, fit « reconnaître » (recognovimus) cette relique de la Sainte Croix et y apposa son petit sceau (« sigilloque nostro minimo obsignavimus »).
Ce petit reliquaire est présenté entre deux disques de verre, dans un ostensoir du XVIIIe siècle représentant un soleil rayonnant qui surgit d'une gerbe de blé où s'entremêlent des grappes de raisin. La lunule est entourée d'un nuage avec quatre têtes d'anges. Le noeud est lui aussi une composition autour de deux têtes d'angelots. Le pied comporte des décorations autour d'un triangle, symbole du Dieu Trinitaire. Le tout repose sur quatre pattes griffées.
Encore maintenant, chaque année, le jour du Vendredi Saint, anniversaire de la mort du Christ, cette relique est proposée à la vénération des Chrétiens de Précy.

PAFE - Paroisse St Louis

Paroisse Saint-Louis
- Roi de france -


Le sacre de St LouisLe 26 mai 1996, quarante cinq paroisses nouvelles ont été érigées par notre évêque Monseigneur Guy THOMAZEAU. Ce nouveau découpage du diocèse s'impose tant à cause de l'âge et la diminution des prêtres que pour mieux répondre et s'adapter aux nécessités de la vie ecclésiale et sociale d'aujourd'hui. Chaque paroisse nouvelle a un nouveau titulaire. La Paroisse de Précy qui compte trois communautés, celles de Boran, Blaincourt et Précy, portera désormais le titre de Paroisse Saint Louis, comportant trois lieux de culte et un Prieuré ; l'Eglise Saint Pierre et Saint Paul de Précy, l'Eglise Saint Vaast de Boran et l'Eglise de la Nativité de Marie de Blaincourt.
Pourquoi Saint Louis ? jusqu'au douzième siècle, la seigneurerie de Précy comportait les paroisses de Précy, Boran, Morancy, Blaincourt, Gouvieux, Lamorlaye, Asnières.
Abbaye de RoyaumontEn 1228, le roi Louis IX, résidant à Asnières dans son fief de Beaumont relevant du diocèse de Beauvais, voulut un lieu de prière et de recueillement proche de sa résidence. Connaissant le dénuement des religieuses Bénédictines de Boran pour lesquelles l'évêque de Beauvais, avait fait appel à la charité publique, le roi proposa aux religieuses d'acquérir leurs terres peu rentables sur le territoire de Cuimont - maintenant appelé Royaumont - pour y construire une abbaye confiée aux Cisterciens, afin de prier pour le repos de l'âme de son père, Louis VIII qui lui avait laissé une forte somme pour réaliser ses dernières volontés.
En échange, le roi leur proposa des bonnes terres, des avantages en nature et une somme de 50 livres 15 sols pâtissés. La transaction fut conclue, approuvée et confirmée en Octobre 1228 par l'évêque Milon de Beauvais. Hugues de Boran, seigneur de la ville, clerc et chantre de Bayeux, lui aussi se dessaisit en faveur des religieuses des revenus qu'il avait dans le dimage de Boran. L’Abbaye de Royaumont devint le lieu de prédilection où le roi vint se recueillir quand il était dans le bailliage de Beaumont, son fils, le jeune prince héritier Louis, mort en 1260, sera inhumé en l'abbaye qui deviendra nécropole des enfants royaux n'ayant pas régné.
Vitrail St LouisVincent de Beauvais, dominicain encyclopédiste, natif de Boran et familier du roi, composa lors à l'intention du roi une "  Epitre de Consolation " ; chef d'œuvre médiéval du genre avec le sermon de consolation de Saint Bernard sur la mort de son propre frère.
Ce Vincent de Beauvais, surtout connu pour " le miroir de l'histoire " (1244) était prieur aux jacobins de Beauvais lorsque le roi l'appela en 1246 pour être son lecteur à Royaumont.
Dans une société qui jusqu'alors n'avait pas fait grand cas de l'enfant, Vincent de Beauvais, réfutant les critiques envers Louis IX sacré roi à Reims à l'âge de douze ans, écrit un ouvrage " De l'éducation des enfants nobles " où il fait un éloge appuyé de l'enfance, en valorisant le rôle important qu'un enfant peut jouer jusqu'en politique.
Louis IXIl s'appuie sur l'exemple du jeune David et de Josias qui avait huit ans quand il commença à régner. (I Samuel XVI 11 et II Rois XXII, 1).
Saint Louis aurait été l'étudiant occasionnel de Vincent de Beauvais. Ce dernier écrit en 1260 " Lorsque j'habitais au Monastère de Royaumont pour y exercer la fonction de lecteur, vous écoutiez de ma bouche humblement, avec respect pour Dieu, la parole divine ". Les historiens relatent que Saint Louis " venait parfois à l'école et s'asseyait au pied du maitre qui faisait la leçon et il l'écoutait diligemment ". On dit qu'il était passionné de prédication. (cité par J. Le Goff. E 590).
Nous retenons à tort les croisades comme principale action de Saint Louis. Même si, dans le temps, elles recouvrent une période assez longue de sa vie, l'important est sa vie quotidienne. Il est le type du laïc selon l'Evangile, marié à 19 ans selon les coutumes royales de l'époque, il est un époux plein de tendresse et de prévenances, un père attentif à élever ses onze enfants en vrais chrétiens, un Chef d'Etat soucieux de justice et de Paix. Il vivait sa foi humblement, au jour le jour, assistant chaque jour à la messe là où il se trouvait. Homme de prière, il était également assidu dans le service des pauvres et des malades. Un petit vitrail en l'église de Boran, représente Saint Louis, donnant la communion à un malade.
On sait que les croisades sont la grande aventure dévotionnelle des chrétiens du XIIIème siècle. C'est aussi la grande expérience religieuse de Saint Louis. A partir de la première expédition, on remarque un changement dans son attitude. Il renonce au luxe vestimentaire et à l'ostentation alimentaire. Sa vie sera désormais une longue pénitence et une préparation au grand Passage. En 1247, il lance une grande enquête à travers le royaume St Louis rendant la justiceau sujet des abus commis par les officiers royaux pendant les croisades. Une Ordonnance de 1254 fixe les modalités pour mettre fin à ces abus. Il refuse également de manquer de Parole aux sarrasins, ce qui était pourtant de bon ton et habituel.
Quand, en 1247, on conseille à Saint Louis de confisquer les usures des juifs pour contribuer au financement des croisades, il refuse d'utiliser pour une fin aussi sainte des biens malhonnêtement acquis. Sa législation anti-usuraire et la série de mesures prises contre les juifs démontrent son sens de la justice.
Guillaume, seigneur de Précy, partit à la 6ème croisade avec neuf autres chevaliers aux frais de Mathieu de Montmorency, retenu en France par le Roi. C'est là également un lien avec Précy. Une chapelle est dédiée à Saint Louis en l'église de Précy au lendemain de sa canonisation en 1297. Un vitrail et un tableau, tous deux classés, lui sont également consacrés. Une vierge en pierre du XIIIème provenant de l'abbaye de Royaumont se trouve en l'Eglise de Précy. Un ferme dite " de Royaumont " et appartenant à l'abbaye et sise à Précy fut vendue en 1791 à Jean Tardu, notaire de Précy.
Les historiens du XIXème siècle ont prétendu que le règne de Saint Louis est entaché par l'Inquisition. Les médiévistes actuels démontrent le manque de fondement et de preuves de telles affirmations révisionnistes. " On aurait tort de se représenter Saint-Louis comme un homme patient et doux. Il avait le caractère vif, parfois emporté ; jaloux de son autorité, il la fit sentir aux prêtres autant qu'aux nobles. Mais personne ne craignit d'avantage de faire tort à son prochain. Ce respect du droit d'autrui, idéalisé en vitrail par la figure du roi rendant la justice, sous le chêne de Vincennes, est un trait caractéristique, unique dans l'histoire violente du moyen-âge ". (Duc de Castries - Histoire de France. Paris Lafont 1971- P 107)
Philippe III le HardiMilon de Nanteuil, évêque de Beauvais qui entra en conflit avec le jeune roi de 19 ans devait s'en souvenir. Ne fit-il pas pour rendre justice, assigner 1500 Beauvaisiens à résidence, jeter en prison 150 coupables et raser les maisons d'habitation des quinze meneurs ? Il tint tête également au Pape. Ni l'interdit ni l'excommunication papale réussirent à le faire changer de conduite. Il avait autant horreur de la médisance, de la flatterie et de l'adulation que de l'injustice et du mensonge.
Défenseur de la Foi Chrétienne, défenseur des petits et des pauvres, il reste un exemple pour nos temps modernes où la Foi chrétienne est tant attaquée, où l'injustice et les affaires politiques et sociales éclaboussent tous les partis et toutes les classes sociales. Nous nous sentons proches de Saint-Louis qui a imposé la monnaie unique tout comme il a imposé sa justice royale en faisant reconnaître le droit d'appel au roi. Durant son règne, la monnaie sera stable parce que la frappe royale (le sous Parisis) se substitua au monnayages des espèces seigneurales ou épiscopales, désormais interdites. Avec Saint Louis, il n'y avait pas de service militaire obligatoire. Il St Thomas d'Aquinn'y avait que des volontaires. C'est son fils Philippe le Hardi qui eu le premier l'idée d'un service militaire obligatoire. C'est également sous Louis IX que se marqua enfin la distinction entre l'Hôtel du roi ou maison privée, et la Cour que nous appelons aujourd'hui le gouvernement.
C'est un organisme très particulier qui tient à la fois du Conseil d'Etat moderne, de la Cour de Cassation et de la Cour des Comptes. On a vu en elle avec raison l'origine du futur Parlement de Paris.
Sous son règne, l'art gothique connaît son apogée. Beaucoup de nos cathédrales et de nos modestes églises de campagne sont de cette époque ou ont des éléments gothiques de cette époque. Ce grand mouvement des arts est soutenu par un grand mouvement d'idées. Paris devient le centre de la pensée autour de maîtres tels qu'un Albert le Grand, Thomas d'Aquin et Robert de Sorbon, fondateur de la Sorbonne. C'est dans le Beauvaisis que le roi trouva son plus prochain conseiller juriste : Philippe de Beaumanoir, Bailli de Vermandois qui rédigea le célèbre traité sur les " Coutumes et usages de Beauvaisis ". Un de ses grands financiers fut également du Beauvaisis : Jean de Hétomésnil. (Prés de Crèvecoeur le Grand).
Oui, les liens qui nous rattachent à Saint-Louis sont innombrables et il aurait été regrettable qu'aucune des paroisses nouvelles ne lui soit dédiée.

 

PAFE - Spiritualités

SPIRITUALITES au cours des siècles


St Bernard de ClairvauxL'Édifice est construit à l'endroit d'un lieu de Culte Païen dédié à la déesse de Fécondité : une pierre en forme de ventre féminin où l'on déposait les prémices des récoltes (fruits, légumes, blé) ainsi que lieu d'accouchement ou présentation de l'enfant à la Déesse Celte.
Vers 680, on a la fondation du Monastère Saint Martin. On n'en parle plus après les invasions normandes auxquelles il n'a sans doute pas échappé. Ces moines sont à l'origine de l'Évangélisation de la région.
Au XIIème siècle, construction de l'Église avec 5 nefs, le chevet plat et la rosace. On y trouve tout le symbolisme classique : rosace, nef, 12 colonnes, autel calvaire, petite porte (vers le cimetière) etc... qui sont autant d'évocations de ce qu'est l'Église.
Concile de TrenteEn même temps ou presqu'en même temps se conjugue avec ce courant, une Mariologie prêchée et propagée par saint Bernard de Clairvaux. C'est aussi un siècle féministe (13ème siècle) : L'Amour de la Dame. La Dame à la licorne. Poèmes d'Amour. Cette spiritualité mariale se retrouve dans presque tous les édifices gothiques de l'époque : Les cathédrales Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Senlis, Notre-Dame de Noyon etc... mais également dans les modestes églises de campagne dont celle de Précy dédiée à " Madame la vierge ".    
La statue de la vierge en pierre polychrome, dite " de Saint-Simon ", est du XVe siècle. Elle a dû être cachée lors de la Révolution car elle a gardé sa couronne, et son sceptre avec fleur de lys. La polychromie a dû être refaite à la Restauration.
Cette vierge noire intrigue. C'est tout simplement une évocation d'après le " Cantique des Cantiques " au chapitre I, 5 et suivants : " Je suis noire, moi, mais jolie, filles de Jérusalem... le soleil m'a basanée... "
Certains passages du Cantique des Cantiques sont attribués au roi Salomon. Les exégètes nous disent qu'il ne s'agit pas d'une femme de race noire mais bronzée. Le texte dit qu'elle était " noiraude " (verset 6). On y trouve allusion à une plante aromatique d'origine indienne, utilisée pour charme d'amour lié au culte de la fertilité. La myrrhe portée en sachet pendu au cou était censé exciter les sens (Proverbes VII, 17). Elle était associée au culte de la fertilité tout comme la pomme et le raisin évoquent l'amour et la fertilité.
Georges RouaultA l'époque des croisades, un autre courant inonde l'église : la mort devient le thème principal de la réflexion.
Les inhumations à l'intérieur de l'église deviennent fréquentes. Précy sera également une sorte de nécropole pour les grands seigneurs. Le curé, lui aussi, est enterré au pied de l'autel. Les pierres tombales de Saint-Simon et de Jehan de l'Amaury, maître d'hôtel du Prince de Condé sont éloquentes à ce sujet.
Le concile de Trente va élaborer une liturgie pour les défunts dont le rituel actuel s'inspire encore très largement. Dans ce contexte les Reliques, restes des saints, sont très à la mode. Précy a également ses reliques de saints et une relique de la Sainte Croix.
C'est après l'incendie de l'Église provoqué par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans (XVème siècle ) que disparaissent les cinq nefs de l'édifice. Il faut attendre la reconstruction partielle au XVIème siècle par le seigneur Louis de Saint-Gelais, fils naturel du roi François ler. C'est l'époque de la restauration de l'autorité Papale, la reprise en main de l'Église par le Concile de Trente et la Renaissance en tous domaines. L'Église de Précy va renaître de ses cendres et sera dédiée à Saint Pierre et Saint Paul comme la Basilique de Rome dédiée à Saint Pierre et Saint Paul. Le Concile de Trente avait proclamé l'intercession et le Culte des Saints. Les églises vont alors se remplir de statues de saints jusque à l'écœurement. Tout cela pour afficher sa Foi contre les Protestants qui nient l'intercession des Saints et rappellent que le Christ est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Ce que l'Église n'a jamais nié.
L'Église va ensuite connaître une période de réformes et de mouvements spirituels. L'Intériorité, la vie spirituelle, les confréries etc... vont s'amplifier à travers beaucoup de déviations (Jansénisme, Piétisme, Gallicanisme) jusqu'à la Révolution Française où la Terreur va porter un coup de grâce au clergé.
La crucifixionLa vie chrétienne devient alors souterraine, cachée, jusqu'en 1802 lorsque Napoléon accorde le rétablissement du Culte. C'est alors un renouveau enthousiaste : multiplication des vocations sacerdotales et religieuses, créations de Missions à l'étranger (Afrique) et une religion douce, parfois mièvre et sentimentale comme tout ce siècle romantique.
La dévotion s'étale en confréries de toutes sortes : " Enfants de Marie ", cohortes d'enfants de choeur, confrérie du Rosaire... etc...
Le XXème siècle sonnera le glas. Non seulement il sera marqué par la séparation de l'Église et de l'État (1905), mais surtout par les deux guerres mondiales qui entraîneront violences et bouleversements de tous ordres (1968) jusqu'en ce début du XXIème siècle où la déchristianisation commencée à la Révolution se poursuit à travers la laïcisation de la société, la rencontre avec d'autres cultures et d'autres religions et l'indifférence religieuse des foules.
Les vitraux de l'Église de Précy expriment à merveille cette violence du siècle. Œuvres de Bernard Gilbert selon des cartons' de Georges Rouault , ils évoquent à travers les couleurs vives et tranchantes le sang versé pour les victimes innocentes, à commencer le Christ, Saint Pierre et Saint Paul. Les rouges sang sont éclatants. Remarquable aussi la couleur lie de vin employée au début du XVIème siècle par l'école des Le Prince. Ici Saint Jean , qui symbolise l'Église, est entièrement couvert, inondé par le sang du Christ, couleur lie de vin. C'est comme pour rappeler le martyr, le sacrifice de tant de chrétiens au cours de ce siècle.
" Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis " enseigne Jésus. Précy a souffert des bombardements à la guerre et bon nombre de ses fils sont morts au champ d'honneur.